Boycotter pour exister ? L’opposition dans l’impasse face au duo Sonko-Diomaye
La rencontre annoncée entre le Premier ministre Ousmane Sonko et les députés n’a finalement pas tenu toutes ses promesses. Alors que ce rendez-vous s’annonçait comme un moment de dialogue républicain, une partie de l’opposition parlementaire a choisi de briller par son absence. Motif invoqué : une saisine du Conseil constitutionnel pour contester la loi interprétative relative à l’amnistie. En clair, un refus de discuter pendant que la légalité d’une mesure politique est soumise à l’examen du juge.
Ce positionnement, à première vue logique dans une démocratie, soulève pourtant une série de contradictions. Comment revendiquer un rôle actif dans le jeu parlementaire tout en se tenant à l’écart des cadres d’échange ouverts par l’exécutif ? En boycottant, les opposants se privent d’un espace de débat stratégique où ils auraient pu, justement, poser leurs exigences, interroger le gouvernement, et s’adresser directement à l’opinion. Le refus du dialogue devient alors une posture qui frôle l’aveu d’impuissance.
Il est évident que la montée en puissance du tandem Sonko-Diomaye déstabilise une opposition encore marquée par ses divisions internes et une difficulté chronique à parler d’une seule voix. Depuis l’élection présidentielle, le paysage politique a changé de paradigme. Le pouvoir n’est plus tenu par une coalition présidentielle à bout de souffle, mais par une alliance neuve, fondée sur un contrat social inédit, une dynamique de rupture, et une attente populaire forte.
Face à cela, la stratégie du rejet systématique risque de renforcer l’isolement de ceux qui s’y accrochent. Boycotter les institutions, c’est prendre le risque d’être perçu comme une force d’obstruction plutôt que de proposition. C’est aussi entretenir une image d’infantilisme politique à l’heure où les Sénégalais attendent maturité, audace, et sens des responsabilités.
Le moment aurait pu être historique : des adversaires politiques se retrouvant autour d’une table pour parler du pays, de ses urgences et de ses défis. Il ne l’a pas été. Et ce n’est pas le pouvoir qui en sort affaibli.
Bienvenu dans l’espace médiatique sénégalais. Des professionnels de votre acabit, nous en demandons pour des analyses et informations de l’actualité nationale et internationale.
Nous souhaitons un réel envol pour cette nouvelle plateforme.