Par Mamadou Sèye
Dans un pays où la liberté d’expression est garantie par la Constitution, il est pour le moins surprenant de voir certaines voix s’élever chaque fois qu’un président de parti politique décide de s’adresser à ses militants et sympathisants. Ousmane Sonko, en tant que leader d’un parti ayant une base sociale forte et mobilisée, a parfaitement le droit de parler à ceux qui croient en son projet. Cela ne relève ni de la provocation ni de l’insouciance : c’est l’essence même du travail politique. De quoi se mêlent donc certains analystes, experts autoproclamés et acteurs de la société civile qui se sentent obligés de donner des avis non sollicités ?
Aujourd’hui même, le front de l’opposition a décidé de marcher. L’Etat a autorisé cette manifestation, preuve que le droit à la contestation demeure intact. Pourtant, curieusement, certains tremblent de la date du 8 novembre, retenue par Ousmane Sonko pour s’adresser aux patriotes. Cette peur irrationnelle en dit long sur le rapport de certaines élites avec la liberté politique. S’il existe un problème, il ne se situe pas chez les militants, mais plutôt chez ceux qui veulent contrôler l’agenda, le discours et la posture d’un leader qui ne leur doit rien.
Il faut également rappeler, de manière nette, que ni Ousmane Sonko ni ses militants n’ont besoin des conseils paternalistes d’acteurs comme Alioune Tine. Le respect ne signifie pas la tutelle. Lorsqu’un parti souverain, organisé et discipliné souhaite communiquer, il n’a pas à solliciter une quelconque bénédiction. Certains agitent les peurs, invoquent des scénarios catastrophes et entretiennent les traumatismes post-crise pour imposer un silence ou une prudence forcée. Mais la démocratie ne se nourrit pas de bâillons psychologiques.
Si demain les patriotes décident d’organiser un rassemblement, ils ne demanderont pas l’autorisation de ceux qui s’improvisent gardiens de la bonne conduite citoyenne. Le militantisme ne s’exerce pas par procuration. Il se vit sur le terrain, dans la parole assumée et dans la responsabilité collective. C’est oublier un peu vite que l’engagement politique n’est pas une concession faite à la société civile, mais un droit premier, antérieur et fondamental.
Ceux qui s’inquiètent de la date du 8 novembre feraient bien de s’inquiéter plutôt de la fragilité de leurs arguments. La démocratie n’est pas un espace où l’on dicte aux autres comment exister. Elle est un lieu de pluralité, de contradictions assumées et de légitimité populaire. Tenter d’encadrer, de filtrer ou de moraliser la parole politique d’un adversaire est un aveu de faiblesse.
Laisser Sonko parler à ses militants n’est pas un cadeau : c’est un droit. Et vouloir l’en empêcher relève davantage du réflexe autoritaire que de la maturité démocratique. Les patriotes n’ont pas de tuteurs. Ils ont un leader, un projet, et un peuple qui les écoute. Que cela déplaise ne change absolument rien à cette réalité.