Par Mamadou Sèye
Deux volets stratégiques du gouvernement Sonko — l’équité sociale et l’équité territoriale — changent de cap. Fini l’urgence électoraliste, place à la planification, à la mutualisation et à la Vision 2050.
Sous Macky Sall, les programmes d’équité sociale et territoriale avaient été conçus et déployés dans une logique d’urgence. Une urgence souvent calibrée pour produire des résultats visibles à court terme, destinés à flatter l’électorat plutôt qu’à s’attaquer aux racines profondes des inégalités. Le PUDC, PROMOVILLE, PUMA, AGETIP ou encore la couverture maladie universelle ont parfois été traités comme des vitrines politiques plutôt que comme des instruments d’ingénierie sociale et territoriale sur le long terme.
Le résultat : des ressources éparpillées, des doublons dans les missions et un impact réel en deçà des ambitions affichées.
Aujourd’hui, la posture change. Dans le communiqué du Conseil des ministres du 23 juillet 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko inscrit ces deux volets — équité sociale et équité territoriale — dans une logique de planification, avec un horizon clair : la Vision Sénégal 2050. Il ne s’agit plus de multiplier les programmes, mais de les mutualiser, les rationaliser et les aligner sur des objectifs stratégiques.
Les mots-clés fixent le cap : Redresser – Impulser – Accélérer.
Pour l’équité territoriale, le gouvernement envisage de regrouper dans un même cadre national le PUDC, PROMOVILLE, PUMA et l’AGETIP. L’objectif : mettre fin aux cloisonnements, centraliser la planification, et confier la mise en œuvre à des responsables compétents et expérimentés, choisis non pas par affinité politique mais à l’issue d’une compétition ouverte et transparente.
Pour l’équité sociale, l’approche sera identique : regrouper toutes les structures œuvrant pour la réduction des inégalités, la lutte contre la précarité, l’accès à une alimentation suffisante et aux soins de santé (CMU, PAM, RNE, etc.).
Là encore, le triptyque Redresser – Impulser – Accélérer doit être la boussole. Redresser, pour corriger les défaillances accumulées ; impulser, pour dynamiser les dispositifs ; accélérer, pour produire rapidement des effets tangibles dans la vie des Sénégalais.
Cette orientation est à la fois une rupture et un pari : rupture avec la dispersion et l’urgence électoraliste, pari sur l’efficacité à long terme et sur la crédibilité d’un Etat stratège. Elle ne réussira que si la transparence du recrutement, la rigueur dans la gestion et l’obsession du résultat deviennent des réflexes institutionnels.
Le Sénégal n’a pas seulement besoin de programmes : il a besoin d’architectes visionnaires, d’artisans compétents et d’un calendrier qui dépasse les échéances électorales.
En 2050, on ne mesurera pas seulement ce qui aura été construit, mais surtout comment cela aura été construit.