Quand l’indulgence devient une offense

Par Mamadou Sèye
Il y a des silences qui deviennent des provocations. Des tolérances qui virent à la trahison. Le Premier ministre est insulté. L’Etat regarde ailleurs. Le peuple commence à gronder.


Ce n’est plus un dérapage. Ce n’est même plus un débat. C’est une guerre psychologique menée contre un homme — le Premier ministre — qui symbolise aux yeux de beaucoup le retour de l’éthique dans la gouvernance. Depuis dix ans, il subit injures, calomnies, diffamation, et désormais une forme d’acharnement qui, loin de l’atteindre uniquement, insulte toute une Nation. Car ce qui est attaqué à travers lui, ce ne sont pas seulement ses fonctions, c’est ce que le peuple a voulu restaurer : la dignité, la justice, la responsabilité.

Ce prétendu chroniqueur, fanfaron médiatique au verbe grossier, ne fait pas de journalisme. Il ne fait pas de critique. Il fait de la politique de la hargne, armé de sa bile et protégé par un silence complice. Et c’est là que le bât blesse. Car l’Etat a les moyens de faire cesser cela. La loi existe. Les textes sont clairs. La régulation est possible. Mais rien ne se passe.

Pourquoi ? Parce qu’on a choisi, au nom d’une certaine idée de la rupture, de laisser faire. Au nom de la démocratie, on accepte l’indignité. Au nom de la liberté d’expression, on tolère le sabotage médiatique d’un projet collectif.

Ce qu’on ne dit pas, c’est que le gouvernement abat un travail colossal, dans le silence d’un vacarme orchestré. Les succès diplomatiques s’enchaînent : une présence internationale renforcée, un regain de crédibilité, des relations bilatérales apaisées. Les emprunts obligataires sont levés avec brio, dans un contexte où beaucoup d’Etats peinent à lever le moindre centime. L’assainissement de la gouvernance, la relance de l’agriculture, les efforts sur la fiscalité, la maitrise de la dette, tout cela est noyé sous des torrents d’injures télévisées. Et ceux qui orchestrent ce vacarme savent exactement ce qu’ils font : faire oublier le fond, effacer le progrès, décourager le peuple.

Mais les citoyens, eux, ne sont pas dupes. Ils ont fait des sacrifices. Ils ont tenu bon. Ils ont subi des années de dictature, de tortures, d’humiliations, de deuils. Ils n’ont pas offert ce pouvoir pour qu’on vienne salir leur choix à coups d’insultes sur les plateaux. Ils n’ont pas voté pour que le débat public soit confisqué par des voix toxiques qui rêvent du chaos.

Ce peuple mérite qu’on le respecte. Il ne demande pas des miracles, il demande qu’on défende la République, y compris contre ceux qui veulent la réduire à un champ de ruines verbales.

Le Sénégal ne sera pas sauvé par la seule austérité morale du pouvoir. Il le sera aussi par la fermeté républicaine, celle qui trace des lignes, pose des bornes, interdit le poison. Il est temps que cela cesse. Il est temps que l’Etat protège sa parole et ceux qui la portent avec honneur. Il est temps que la rupture soit aussi une rupture avec la lâcheté médiatique organisée.

Sinon, l’opinion — qui jusque-là garde son calme — finira par penser qu’elle s’est trompée.

Et là, il sera trop tard.

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