Par Mamaou Sèye
Hier, à la ziara générale de Tivaouane, le moment se voulait solennel, empreint de gravité et de recueillement. Et pourtant, au détour d’un micro tendu, le marabout politicien Djamil s’est aventuré dans un exercice périlleux : celui de parler sans vraiment dire, d’évoquer sans assumer, de s’expliquer sans s’excuser. Bref, de tenter une rédemption à demi-mot, tout en gardant un pied dans ses anciens équilibres.
L’homme, que l’on a vu autrefois au sein de la coalition Yewi, puis rallier avec une ferveur inhabituelle le camp de Macky Sall lors du fameux “dialogue national”, s’était alors illustré par des prises de position tranchées. Il appelait, sans sourciller, à « frapper » les opposants, au nom d’un ordre supérieur — dont il semblait lui-même être le chantre désigné.
Mais hier, devant une assistance médusée, Djamil a brodé. Longuement. Trop longuement. L’assistance, d’abord polie, s’est peu à peu figée sous l’effet d’un discours sinueux, où les digressions rivalisaient avec les contradictions. On aurait dit un homme à la recherche d’une porte de sortie élégante, tentant de retrouver grâce sans renier ses choix passés.
C’était confus. Inconfortable. Et finalement, instructif. Car au fond, Djamil n’était pas là seulement pour honorer la mémoire ou partager un message spirituel. Il était venu, à sa manière, faire la paix avec lui-même — ou du moins avec une certaine image de lui. L’exercice aurait pu être salutaire, s’il avait su que parfois, le silence est plus éloquent que les plus belles circonvolutions.