Gabon: Brice Oligui Nguema élu Président, le poids du score et les promesses du pouvoir


Avec plus de 90 % des suffrages exprimés, Brice Clotaire Oligui Nguema a été élu président du Gabon lors du scrutin du 13 avril 2025. Une victoire écrasante pour l’homme fort de la transition militaire, qui cristallise désormais espoirs populaires et doutes sur la sincérité du changement promis.

Le Gabon vient de franchir un tournant historique. Moins de deux ans après le coup d’État militaire qui a mis fin à plus de cinq décennies de règne de la famille Bongo, les électeurs ont choisi de confier les rênes du pays à l’homme fort de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Avec 90,35 % des voix, selon les résultats provisoires annoncés par le ministère de l’Intérieur ce dimanche 13 avril, la victoire est écrasante, presque sans appel. Mais elle n’est pas sans questionnements.

Longtemps silencieux sur ses intentions, Oligui avait assuré, dans les premiers mois de la transition, qu’il ne briguerait pas la magistrature suprême. Ce serment initial s’est progressivement effacé à mesure que la scène politique se réorganisait autour de sa figure. La nouvelle Constitution promulguée en janvier, le recentrage du calendrier électoral et les signaux émis par le pouvoir ont fini par confirmer ce que beaucoup pressentaient : le général était bel et bien en lice, malgré la prudence de ses premières déclarations.

L’élection, organisée dans un climat relativement apaisé, a mobilisé 70,4 % des électeurs, un taux de participation en nette hausse par rapport au scrutin controversé de 2023. Des observateurs nationaux ont salué le déroulement global du vote, notant une bonne organisation et une transparence « adéquate » dans plus de 98 % des bureaux observés. Un détail important dans un pays où le spectre de la fraude a longtemps miné la crédibilité des scrutins.

Face à Oligui, les candidatures faisaient pâle figure. L’ancien Premier ministre Alain Claude Bilie-By-Nze, son principal concurrent, n’a recueilli que 3,02 % des suffrages. Cette faible opposition traduit à la fois la puissance du régime en place, l’effet d’entraînement de l’appareil d’État mais aussi, pour certains observateurs, l’absence d’un véritable pluralisme politique après des mois de transition dirigée d’une main ferme.

Reste que le vrai défi commence maintenant. Derrière le vernis du score se cache une société profondément divisée, marquée par les inégalités, la désillusion et la pauvreté rampante malgré les richesses pétrolières. Le discours d’Oligui Nguema, axé sur la diversification économique, la lutte contre la corruption et la refonte institutionnelle, a trouvé un écho favorable dans une partie de la population, notamment la jeunesse urbaine.

En s’engageant pour un mandat de sept ans, Oligui Nguema s’offre une large fenêtre d’action. Mais aussi une lourde responsabilité : celle de ne pas faire mentir l’espoir. Sa légitimité électorale, massive sur le papier, devra désormais se prouver dans les actes. La stabilité politique ne suffira plus : le Gabon attend une justice efficace, une gouvernance transparente, une redistribution des richesses et une institutionnalisation réelle du pouvoir.

Le scrutin du 13 avril restera dans les annales. Il referme une transition et ouvre un mandat. Mais l’histoire du Gabon, elle, ne demande plus seulement des alternances de façade. Elle appelle une rupture profonde. Reste à savoir si le général devenu président saura écrire cette page, ou s’il rejoindra la longue liste des promesses .

Promedia

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