Par Mamadou Sèye
Ils ont battu le macadam, résisté à la répression, défié l’humiliation, subi les prisons, enterré des camarades. Aujourd’hui, ils observent en silence. Non pas par résignation, mais par douleur. Une fracture est née entre les nouvelles autorités et leur propre base. Il est temps de la réparer, vite.
Il est des victoires dont on ne mesure la grandeur qu’au poids du silence qui les suit. Le Sénégal a connu l’une d’elles. Elle n’a pas été gagnée dans les salons. Elle fut arrachée dans la rue, au tribunal, en prison, sur les réseaux et dans les quartiers. Elle a un nom : la résistance populaire. Un visage : le peuple debout. Et un prix : des années de mépris, d’humiliations, de morts évitables et de traques judiciaires.
Ce peuple-là ne demandait pas le luxe. Il demandait la justice. Il n’exigeait pas l’opulence. Il réclamait la décence. Et lorsqu’il a enfin obtenu le renversement démocratique qu’il espérait, il ne voulait pas tout de suite des miracles. Il voulait juste qu’on ne l’oublie pas.
Mais le malaise est là, de plus en plus pesant. Les héros de l’ombre ont été laissés dans l’ombre. Les bras levés ont été négligés. Les voix brisées ont été tues. Et aujourd’hui, la fracture est psychologique. Morale. Affectivement brutale. Elle ne porte pas sur la vie chère, que le peuple peut encore endurer. Elle ne concerne pas l’emploi, qu’il sait structurel. Elle touche au cœur même du pacte entre les autorités et leur base.
“L’ingratitude est le crime des rois”, écrivait Chateaubriand. Elle peut aussi être le péché originel des régimes populaires s’ils ne regardent pas derrière eux. Le peuple n’a pas besoin de médailles. Il a besoin de reconnaissance. Et surtout, de réparation morale.
Car pendant qu’on lui parle de “refondation”, il voit ses anciens bourreaux narguer l’ordre nouveau sans conséquence. Pendant qu’on l’invite à des campagnes de mobilisation civique, il constate que ses ennemis d’hier paradent encore, vocifèrent encore, manipulent encore. Et cela tue la ferveur. Cela désarme l’âme. Cela glace l’engagement.
L’érosion du sentiment de justice est la plus dangereuse des instabilités. C’est elle qui fait fuir les peuples des rêves collectifs. C’est elle qui fabrique les désillusions précoces. Les régimes naissent dans la clameur. Ils meurent dans l’indifférence.
Il y a déjà des signes. Les appels citoyens ne mobilisent plus. Les campagnes de sensibilisation s’essoufflent. Pas par fatigue. Mais par absence de reconnaissance. Le peuple attend un retour d’énergie. Un clin d’œil symbolique. Un geste fort.
Et pourtant, il s’est passé des choses. De grandes choses. Mais elles sont noyées, volontairement tues, ensevelies sous la poussière des provocations orchestrées.
Les succès diplomatiques, à commencer par le retour du Sénégal au cœur des débats géopolitiques majeurs, la restauration d’un ton souverain face aux puissances étrangères, le rayonnement rétabli dans les sommets africains et mondiaux, la sérénité nouvelle dans les finances publiques, la crédibilité retrouvée dans les négociations avec les partenaires, la transparence réinstaurée dans les nominations, la neutralisation des fonds spéciaux discrets, l’élan patriotique insufflé dans la gouvernance, tout cela est systématiquement ignoré ou minimisé.
Pourquoi ? Parce qu’un chroniqueur mal élevé, une plume rageuse, une vidéo manipulée, une sortie ordurière suffit à détourner le regard collectif. Le drame, c’est que le vacarme prend le dessus sur le fond. Le réel travail est court-circuité par le commentaire toxique.
Mais on ne gouverne pas à coup de démentis. On gouverne par des actes clairs. Des gestes qui rassurent et qui recadrent.
Dans toutes les grandes transitions, le pouvoir s’est ressaisi avant qu’il ne soit trop tard. En France, après la Révolution, Bonaparte disait : “Il faut donner au peuple la fierté de son sacrifice, sinon il reprendra ce qu’il a donné.”
Au Ghana, après la prise de pouvoir de Jerry Rawlings en 1981, les jeunes militants avaient été intégrés dans les structures mêmes du pouvoir, pour éviter l’oubli, pour maintenir la chaleur du lien.
Ici, au Sénégal, un grand test approche : le remaniement. Ce moment charnière où l’on ne gère plus seulement des postes, mais des signaux. Ce que les masses attendent n’est pas un simple ajustement technocratique. Elles attendent une respiration. Un rééquilibrage. Une réparation. Une justice symbolique.
Il faut réévaluer les ministres silencieux, ceux dont la voix est plus rare que le programme. Ceux qui vivent en hauteur sans jamais redescendre. Ceux qui croient que la légitimité électorale efface le devoir de présence. Il faut désigner des figures de loyauté, de proximité, de clarté. Pas pour plaire, mais pour rassurer. Pas pour récompenser, mais pour réconcilier.
Car pendant qu’un semblant d’opposition gesticule, le peuple désorienté commence à prêter l’oreille. Il ne faut pas que la parole mensongère retrouve de l’écho faute de voix crédibles au pouvoir. L’histoire l’enseigne : on ne perd pas un peuple d’un coup. On le perd en perdant d’abord son cœur.
Ce texte est un cri loyal. Une interpellation fraternelle. Ce pouvoir a encore les moyens de se reconnecter. Il a encore la main. Mais le temps presse. Une révolution ne tient pas sur un programme. Elle tient sur une mémoire vivante. Et une base convaincue.
Il est temps de tourner une page. Il est temps de faire place à une équipe de contact, de terrain, de vérité. Le peuple n’a pas besoin de discours. Il a besoin d’être entendu. Et retrouvé.
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