Par Mamadou Sèye
La scène politique sénégalaise vient de subir un nouveau séisme. La sortie du Président de la République réaffirmant son amitié avec Sonko a glacé jusqu’aux os une opposition déjà à genoux, et pris de court une certaine société civile qui s’était illusionnée sur une hypothétique rupture entre les deux hommes forts du moment. Ceux qui, tapis dans les officines, tablaient sur une fracture progressive au sommet de l’Etat peuvent ranger leurs scénarios de fiction : la porte que Diomaye vient de claquer, en fermant tout débat sur Sonko, les renvoie à leur vide stratégique.
Pendant que l’opposition s’affaire à scruter maladivement les rapports Sonko-Diomaye, à en espérer la fêlure providentielle, elle oublie l’essentiel : construire une ligne politique, incarner une alternative, massifier, convaincre. Elle ne conteste plus. Elle commente. Elle n’agit plus. Elle attend. Elle ne s’adresse plus au peuple. Elle s’adresse à la presse.
Sonko, objectivement, est devenu l’opposition intelligente au régime… dont il est pourtant la cheville ouvrière. Extraordinaire paradoxe, mais réalité crue. Il a vaincu ses adversaires à la Présidentielle. Il a laminé l’appareil classique lors des législatives. Il s’apprête, selon toutes les tendances, à signer une razzia électorale aux locales. Que reste-t-il à l’opposition traditionnelle, sinon d’alimenter un débat stérile sur l’éligibilité de Sonko dans quatre ans, comme si elle s’était d’avance exclue du destin national ?
Il faut dire les choses simplement : Sonko ne peut faire plus pour Diomaye. Il le porte, le protège, le renforce, lui dessine des brèches. Ceux qui rêvent de l’empêcher d’être Président doivent intégrer cette évidence : Sonko a déjà été Président. Par procuration. Et ce ne sont ni les institutions ni les statuts qui l’empêchent de dormir.
Il gouverne. Il impulse. Il mobilise. Il dirige le plus grand parti de ce pays, dans un compagnonnage assumé avec un Président résolu à consolider son pouvoir sans renier ses engagements. Face à eux, pas d’adversité cohérente. Pas de corpus idéologique. Pas de stratégie populaire. Rien. Pire, on commence à comprendre que certains ne misent plus sur les urnes pour revenir aux affaires.
La vigilance doit être maximale. L’argent coule à flots. Il circule dans les couloirs, dans les rédactions, dans les plateformes numériques, dans certaines ONG autoproclamées vigies de la démocratie. On achète des voix, on finance des stratégies de désordre, on joue la partition du chaos dans l’espoir d’installer une rupture par le vide.
Et pendant ce temps, le pays est cerné par les menaces réelles : le djihadisme aux portes, une sous-région instable, une jeunesse encore fragile, un tissu social en tension. Ce n’est plus l’heure de la demi-mesure. C’est l’heure de la fermeté républicaine.
A PASTEF, au pire, il y a une lutte de lignes. Modérés contre radicaux. Mais l’ironie, c’est qu’en face… il n’y a que Sonko. Et tant que c’est ainsi, le débat sur sa place, sa fonction ou sa projection future est une perte de temps. Il est là. Il agit. Il dérange. Et surtout, il gagne.