Par Mamadou Sèye
Il aura suffi d’une phrase. Une simple hypothèse glissée par le Premier ministre Ousmane Sonko dans son discours, et voilà une partie de l’opposition et des haineux professionnels en hyperventilation. Sonko a évoqué, comme possibilité ultime, un retour à l’Assemblée nationale si le Président Diomaye Faye décidait un jour de le démettre de ses fonctions de Premier ministre. Hypothèse, donc. Et pourtant, les supputations, les lectures biaisées et les conclusions hâtives ont fusé, comme si certains attendaient ce moment pour enfin prononcer le jugement final : Sonko est fini. Quelle blague.
Certains s’en sont même allés consulter des « experts » du droit constitutionnel – du moins, ceux qu’ils trouvent disponibles pour entériner leur obsession – afin d’établir doctement que Sonko ne pourrait jamais siéger à nouveau à l’Assemblée. Argumentaire fragile, souvent creux, et surtout politiquement intéressé. Ce qu’ils feignent d’oublier, c’est que Sonko n’est pas un député ordinaire : il est à l’Assemblée sans y être. C’est lui qui a conduit la liste qui a permis à tous les députés de son parti d’y accéder. Il a bâti la légitimité de cette présence parlementaire. Il l’a pensée, portée, incarnée. Et s’il décidait demain d’y retourner, ce serait avec une autorité politique intacte, et non par effraction institutionnelle.
Mais plus encore, cette agitation trahit une peur : celle d’un homme qui, même dans l’hypothèse d’une sortie du gouvernement, reste un levier politique inépuisable. Ils sont nombreux à souhaiter, à voix basse ou dans des plateaux télé déguisés en thérapies collectives, une « crise » entre Diomaye et Sonko. Une de ces fractures qui feraient vaciller l’exécutif. Ils rêvent d’un affrontement larvé, d’un divorce politique consommé. En vain.
Car la vérité est toute autre. La solidité du binôme Diomaye–Sonko dépasse les projections classiques de l’ancienne classe politique. Ce n’est pas un duo de circonstance. C’est un compagnonnage construit dans l’épreuve, renforcé par la prison, scellé par le sacrifice commun. Dans son discours, Sonko a d’ailleurs évoqué un moment fort au Cap Manuel : une discussion stratégique tenue dans l’intimité de la détention, en présence de Diomaye et d’El Malick Ndiaye, Président de l’Assemblée nationale. Trois figures clés du système actuel, réunies pour penser la suite. Ce détail, qui semble anecdotique à certains, est en réalité fondamental : le dialogue interne est permanent, fluide, et ancré dans la confiance.
Et pendant que certains fantasment sur une querelle au sommet, le pays avance. Lentement peut-être, mais dans la bonne direction. Il se redresse. Il répare ce qui a été brisé. Il tente de remettre l’économie sur pied, de restaurer la confiance, de pacifier les esprits et de recréer de l’espoir. Dans ce contexte, le Sénégal ne peut se permettre le luxe d’une crise artificielle, orchestrée par des esprits malveillants ou frustrés. Le pays mérite mieux que les rêves agités de ceux qui ont tout perdu sauf leur rancune.
Alors oui, certains sont pressés. Pressés d’annoncer la fin. Pressés de commenter l’implosion. Pressés de sabrer un pouvoir qu’ils ne comprennent pas. Mais cette précipitation est à l’image de leur trajectoire politique : fébrile, superficielle, et surtout… vaine.
Le Sénégal a besoin de sérénité. Pas d’agitations inutiles.
Il a besoin d’un cap. Pas d’un chaos.
Il a besoin de hauteur. Pas de hargne.