928 opérations suspectes signalées à la CENTIF en 2024 : une alerte sur les flux financiers illicites

La Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) a reçu 928 Déclarations d’Opérations Suspectes (DOS) en 2024, selon ses données annuelles publiées récemment. Ce chiffre marque une hausse significative par rapport aux années précédentes, témoignant d’une vigilance accrue des institutions financières… mais aussi d’une recrudescence des mouvements de fonds jugés douteux.

La CENTIF, rattachée au ministère des Finances et du Budget, est chargée de centraliser, analyser et transmettre aux autorités compétentes les informations liées au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme. Les DOS émanent principalement des banques, assurances, notaires, agents immobiliers et autres professions réglementées soumises à l’obligation de déclaration.

Les 928 déclarations de 2024 ne sont pas toutes synonymes de criminalité avérée, mais elles traduisent des comportements financiers inhabituels, parfois jugés incompatibles avec les revenus déclarés, ou impliquant des circuits complexes de transferts. Une fois les déclarations reçues, la CENTIF mène des investigations préliminaires, puis, si les soupçons se confirment, saisit les parquets compétents ou d’autres structures judiciaires.

Les secteurs les plus concernés par ces déclarations sont la banque, l’immobilier, le commerce de gros, ainsi que certains transferts internationaux. Les montants en jeu ne sont pas encore précisés dans le rapport, mais selon des sources proches du dossier, plusieurs dossiers dépasseraient la barre du milliard de francs CFA.

La CENTIF insiste régulièrement sur la nécessité de renforcer les mécanismes de contrôle et de conformité dans le secteur privé, tout en appelant à une meilleure coopération entre acteurs publics et privés pour rompre les chaînes de blanchiment.

À noter que le Sénégal figure toujours dans le radar du Groupe d’action financière (GAFI), qui évalue les dispositifs de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Le nombre de DOS pourrait donc aussi refléter une meilleure application des normes internationales et une volonté plus forte de signalement, dans un contexte où le pays entend préserver sa réputation financière.

Toutefois, le taux de transformation des signalements en poursuites judiciaires effectives reste faible, selon plusieurs spécialistes du secteur. La CENTIF, en tant qu’entité d’alerte, ne dispose pas de pouvoir de contrainte et dépend du bon fonctionnement de la chaîne judiciaire pour que les dossiers aboutissent.

Ce volume élevé de déclarations relance donc le débat sur la capacité du pays à lutter efficacement contre les circuits opaques, à garantir la traçabilité des flux financiers, et à dissuader les tentatives de blanchiment.

PROMEDIA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *