Par Mamadou Sèye
Alors que le Sénégal s’apprête à vivre un tournant décisif avec le dialogue national prévu le 27 mai, des voix dissonantes s’élèvent déjà pour en contester la légitimité, voire en saboter l’esprit. L’APR, ex-parti au pouvoir, a annoncé qu’elle ne prendra pas part aux assises, avançant des arguments qui, à bien y regarder, relèvent plus de la mauvaise foi stratégique que d’une réelle volonté de dialogue démocratique. D’autres figures isolées, ces « singletons politiques » sans base sociale tangible, ont suivi le même chemin, convaincus que leur posture critique leur offrirait un regain de visibilité dans une arène politique qu’ils n’ont jamais vraiment habitée.
Mais derrière cette posture, une question beaucoup plus grave se pose : comment dialoguer sereinement dans un pays où l’argent sale a profondément corrompu les fondations mêmes de la démocratie ?
La presse, jour après jour, continue de dévoiler l’étendue de la prédation des deniers publics sous l’ancien régime. Détournements massifs, enrichissements illicites, passations de marchés douteuses, gestion clanique des ressources stratégiques… Le système était bien huilé. L’argent volé au peuple servait à acheter le pouvoir pour mieux continuer à le piller.
C’est pourquoi certains refusent obstinément d’entrer dans ce processus de dialogue. Ils savent — intimement — qu’un nouveau contrat démocratique, fondé sur la transparence, la justice et la redevabilité, les condamnerait à rester en marge de la vie publique. Ils ne reviendront plus au pouvoir par les urnes. Et ils le savent.
Dès lors, leur seule perspective de retour aux affaires passe par l’instabilité, la manipulation, l’intoxication, la fabrication du chaos. C’est ici que la notion de forces occultes trouve tout son sens. Des réseaux internes comme externes, que dérange profondément le cap souverainiste, patriotique et panafricain pris par le Sénégal, s’activent dans l’ombre. Le binôme Sonko-Diomaye, aujourd’hui porté par une adhésion populaire exceptionnelle, est regardé avec admiration par une jeunesse africaine en quête de dignité, mais avec hostilité par ceux qui ont toujours prospéré sur la servitude, la corruption et l’alignement aveugle.
Cela dérange. Beaucoup. Profondément.
Il faut le dire avec force : l’argent sale doit disparaître du paysage politique sénégalais. Il n’y aura pas de stabilité durable sans un assainissement total des circuits de financement de la vie publique. Le dialogue politique ne sera fécond que s’il s’inscrit dans cette dynamique irréversible de reddition des comptes, d’exemplarité, et de justice indépendante.
Le Président Diomaye est dans son rôle. Il tend la main. Il appelle à construire ensemble. Il propose un avenir. Il le fait avec une légitimité solide : 54 % des voix à la présidentielle, et une majorité parlementaire écrasante. Ce mandat, obtenu dans les conditions les plus transparentes de l’histoire du pays, lui donne la responsabilité de rassembler, mais aussi le devoir de protéger la République contre ses fossoyeurs.
Et dans ce contexte particulier, il faut le dire sans détour : la sécurité du Président de la République et celle de son Premier ministre doivent être renforcées. Nous ne sommes pas dans un roman noir. Nous sommes dans un pays où l’argent sale circule encore, où des intérêts puissants sont en train de perdre leur emprise, et où le vent du changement souffle avec une intensité qui affole les anciens maîtres du jeu.
Camarades, compatriotes, lucides et libres : le 27 mai ne doit pas être un simple rendez-vous politique. Il doit être le début d’un nouveau pacte moral, un moment de vérité collective, une chance unique de redéfinir les règles du vivre-ensemble national.
Mais cela ne sera possible que si la vérité l’emporte sur les arrangements, la justice sur la complicité, la volonté populaire sur les calculs mesquins. Le Sénégal a pris une trajectoire qui inspire. Il faut la protéger. Il faut l’assumer. Et surtout, il faut l’approfondir.