Par Mamadou Sèye
Il y a des décisions publiques qui, parfois, réconcilient un peuple avec ses gouvernants.
Et celle prise hier par les nouvelles autorités du Sénégal fait incontestablement partie de ces actes de justice sociale qu’il faut saluer avec force.
Le ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions, M. Abbas Fall, a en effet signé un arrêté majeur : la revalorisation substantielle des salaires des travailleurs domestiques, ces femmes et ces hommes invisibles qui, chaque jour, tiennent nos foyers debout, souvent dans l’ombre, souvent dans l’oubli.
C’est une petite révolution sociale :
le vieil arrêté du 31 décembre 2009, devenu totalement obsolète, est enfin remplacé.
Et cette fois-ci, les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Sept catégories de travailleurs domestiques sont concernées, avec des hausses de salaire clairement établies :
- Catégorie 1 : de 42 714 FCFA à 64 223 FCFA
- Catégorie 2 : de 43 443 FCFA à 65 301 FCFA
- Catégorie 3 : de 45 101 FCFA à 67 622 FCFA
- Catégorie 4 : de 45 915 FCFA à 68 700 FCFA
- Catégorie 5 : de 46 179 FCFA à 69 042 FCFA
- Catégorie 6 : de 52 679 FCFA à 76 371 FCFA
- Catégorie 7 : de 53 318 FCFA à 76 996 FCFA
Ainsi, les augmentations tournent autour de plus de 20 000 FCFA pour chaque catégorie, une véritable bouffée d’oxygène pour des milliers de familles.
C’est une reconnaissance officielle de la valeur du travail domestique.
C’est aussi une réponse à une hypocrisie sociale trop longtemps tolérée :
celle qui veut que l’on confie nos enfants, nos cuisines, nos maisons à des femmes et des hommes que l’on payait à peine de quoi survivre.
Bien sûr, tout n’est pas réglé.
Bien sûr, le défi de l’application réelle de ces nouveaux minima salariaux reste posé.
Mais le signal est puissant, et il est envoyé à ceux qui nettoient, nourrissent, élèvent, réparent, entretiennent nos existences sans jamais exiger la reconnaissance qu’ils méritent.
Le Sénégal nouveau se construira aussi par ces gestes de dignité envers les plus discrets.
Envers ceux que l’on ne voit pas assez, que l’on n’écoute pas assez.
Envers celles et ceux qui tiennent nos maisons et parfois nos vies.
Chapeau bas.