Aïssatou Sophie Gladima écrouée : le lourd tribut d’un symbole féminin au pouvoir

L’ancienne ministre des Mines et de la Géologie a été placée sous mandat de dépôt. Elle est accusée de mauvaise gestion présumée d’un milliard de francs CFA issus des fonds de riposte contre la Covid-19. Une chute retentissante pour l’une des rares femmes à avoir occupé des fonctions stratégiques dans un gouvernement dominé par les hommes.

Le couperet est tombé. Ce mercredi 21 mai 2025, Aïssatou Sophie Gladima, ancienne ministre des Mines et de la Géologie, a été placée sous mandat de dépôt. En cause, une somme d’un milliard de francs CFA, issue des fonds destinés à la lutte contre la pandémie de la Covid-19, et dont l’utilisation reste, selon le parquet, « non justifiée ». Une nouvelle affaire qui éclabousse un pan de l’ancien régime, dans le cadre d’une vaste opération de reddition des comptes enclenchée par les autorités actuelles.

Mais au-delà du choc provoqué par cette mise sous écrou, c’est l’image d’une femme d’Etat, chevronnée et longtemps perçue comme irréprochable, qui vacille. Docteure en hydrogéologie, universitaire respectée, technocrate assumée, Aïssatou Sophie Gladima incarnait cette minorité féminine qui, à force de compétence et de détermination, avait su se faire une place dans les hautes sphères du pouvoir. Son parcours, jalonné de responsabilités scientifiques et politiques, inspirait de nombreuses jeunes femmes désireuses de s’engager dans la vie publique.

Son passage à la tête du département des Mines et de la Géologie fut marqué par plusieurs chantiers structurants, mais aussi des controverses liées à la gouvernance du secteur extractif. Toutefois, rien ne laissait présager une implication dans des affaires de détournement présumé de fonds publics.

L’enquête en cours devra dire si cette mise en cause est le fruit d’une gestion hasardeuse ou d’un système plus tentaculaire de dilapidation des ressources destinées à la riposte sanitaire. Dans tous les cas, son arrestation remet sur la table la question de l’efficacité de l’architecture de contrôle des fonds publics en temps de crise.

Au plan politique, cette affaire pourrait aussi raviver les tensions entre les camps de l’ancien pouvoir et les tenants de la rupture. D’aucuns y verront une volonté d’exemplarité ; d’autres, une stratégie ciblée d’affaiblissement des figures de l’ancien régime.

Aïssatou Sophie Gladima, dont le nom avait été cité parmi les femmes influentes du gouvernement Macky Sall, se retrouve aujourd’hui face à la justice. Sa défense s’organise, et ses soutiens dénoncent déjà une « cabale politique ». Le pays, lui, observe, partagé entre indignation, surprise et espoir que justice soit faite — dans la transparence et le respect des droits.

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