Par Mamadou Sèye
Il y a des moments dans la vie publique où le silence devient une trahison. Et celui qui s’accroche devient un danger. Me Augustin Senghor, président de la Fédération sénégalaise de football (FSF) depuis 2009, semble ne pas comprendre ce que le bon sens, la décence et l’histoire lui murmurent à l’oreille : qu’il est temps de partir.
Quatre mandats. Seize années. Et voilà qu’il caresse désormais l’idée, à peine masquée, d’un cinquième mandat. Pour quoi faire ? Pour conserver une position, un fauteuil, un levier d’influence ? Alors même que les dynamiques du football mondial appellent au renouvellement, à l’ouverture, à l’innovation, voilà que le patron du foot sénégalais semble incapable de céder la main. Ce n’est plus de la continuité, c’est de l’obstination.
Il faut rappeler qu’il y a peu, lorsque sa candidature au Comité exécutif de la FIFA n’avait pas été retenue, Me Senghor avait démissionné de son poste de premier vice-président de la CAF, suscitant un large élan de sympathie. On avait salué un acte de dignité. Un réflexe d’homme de principes. Mais voilà qu’il trahit cet élan.
À croire que l’homme confond gestion fédérale et rente de situation, qu’il pense que le football sénégalais ne peut respirer sans lui. Pourtant, nul n’est indispensable. Et il faut le dire avec force : ce n’est pas l’homme Augustin Senghor qui dérange, c’est sa longévité devenue suspecte, contre-productive et même dangereuse pour la gouvernance du sport roi.
L’argument selon lequel l’État ne doit pas s’ingérer dans les affaires du mouvement associatif est juridiquement juste. Mais la morale républicaine, elle, autorise qu’on élève la voix quand l’intérêt général est menacé. Et aujourd’hui, l’intérêt du football sénégalais, c’est l’alternance. C’est l’oxygène. C’est le renouveau.
Ce pays n’est pas un terrain d’atterrissage pour carrières à rallonge. Et il faut le dire avec une brutalité bienveillante : Monsieur le président de la FSF, si vous avez aimé le football sénégalais, alors partez. Offrez-lui ce cadeau.
Autrement, vous aurez manqué votre sortie. Et ce serait tragique pour un homme qui a tant fait mais qui, manifestement, n’a pas su s’arrêter à temps.