Par Mamadou Sèye
C’est une chose étrange, au Sénégal, que de vouloir bien faire. Vouloir travailler honnêtement, dans un cadre républicain, avec une rigueur sans compromis, finit toujours par déranger. Parce que cela expose sans le dire, cela révèle sans accuser. Et surtout, cela met mal à l’aise ceux qui avaient pris l’habitude du flou.
Depuis sa prise de fonction à la tête de l’ASER, Jean Michel Sène a décidé de prendre le dossier de l’électrification rurale à bras-le-corps. Pas pour le décorer. Pas pour y construire un réseau clientéliste. Mais pour le faire avancer. Concrètement. Résolument. Et avec cette obsession salutaire : la transparence.
Il fallait que cela dérange. Ce fut inévitable. Car dans ce secteur stratégique, sensible, lourd d’héritages, ceux qui préfèrent les zones grises n’aiment pas la lumière. Or, que fait Jean Michel ? Il éclaire, au propre comme au figuré. Il met à jour des contrats anciens, interroge des décaissements étranges, exige des audits, relit les chiffres et ose poser les vraies questions. Le scandale, pour certains, c’est cela.
La vérité, c’est que Jean Michel incarne une autre manière de servir l’Etat. Pas celle qui se contente de reproduire. Pas celle qui se laisse absorber par les réflexes d’un système. Mais celle, rare et précieuse, qui vient avec un projet, une méthode, une intégrité. Et comme toujours dans ce pays, lorsqu’un jeune compétent avance avec assurance et preuves, il devient un problème pour l’ordre établi.
Depuis quelques semaines, les attaques fusent. Par insinuations. Par dénonciations approximatives. Par contre-feux calculés. Et pourtant, ceux qui crient le plus fort refusent obstinément le débat public. Invités à venir confronter les faits, les chiffres, les documents, ils choisissent le silence ou le détour. Et pour cause : la vérité est têtue.
Mais le plus admirable dans cette séquence, c’est que Jean Michel ne riposte pas dans le vacarme. Il répond par la méthode. Par des chiffres. Par l’invitation au dialogue républicain. Par le rappel simple, mais puissant, qu’un responsable public doit rendre compte. Ce n’est pas un geste de communication. C’est un geste d’hygiène démocratique.
Dans un contexte où les vieilles pratiques ont longtemps survécu à l’alternance des régimes, voir émerger un homme qui ne compose pas avec la médiocrité est, à bien des égards, un acte révolutionnaire. Voilà pourquoi il faut soutenir Jean Michel Sène. Non pas parce qu’il serait au-dessus de la critique, mais précisément parce qu’il l’appelle, la cherche, la sollicite, pourvu qu’elle soit honnête, argumentée, fondée.
Il faut du courage pour marcher droit dans une maison encore penchée. Et il en faut davantage pour garder la tête froide face aux manipulations. Jean Michel en a. Il faudra bien plus que quelques attaques feutrées pour disqualifier un engagement aussi transparent.
Car au fond, tout cela n’est pas une affaire de postes ou de carrières. C’est une affaire de principes. Et dans ce combat-là, nous savons reconnaître ceux qui œuvrent pour l’intérêt général. Ils n’ont pas besoin de s’auto-justifier. Leur trajectoire parle pour eux.