Par Mamadou Sèye
L’alerte du Premier ministre Ousmane Sonko sur les dysfonctionnements administratifs n’est pas anodine. Elle révèle un enjeu fondamental : le maintien d’une cohérence totale entre la vision présidentielle, la coordination gouvernementale et les structures exécutantes. C’est à ce prix que le peuple, toujours confiant, pourra continuer à croire à la rupture.
Il y a dans l’architecture de l’Etat une ligne invisible, mais vitale : celle qui relie la décision politique à l’action concrète sur le terrain. Si cette ligne est rompue, tordue ou obstruée, c’est tout l’édifice qui vacille. C’est cette ligne que le Premier ministre Ousmane Sonko a choisi de défendre, ce mercredi 18 juin 2025, en dénonçant avec une clarté rare les lenteurs, les manquements, les défauts de gouvernance observés dans plusieurs structures publiques.
« Fini les lenteurs, avançons sans délai », a-t-il lancé. Une phrase simple, mais lourde de sens. Elle traduit un ras-le-bol assumé face à l’absentéisme administratif, aux conseils d’administration sans mandat à jour, aux nominations complaisantes, à l’archivage hasardeux, à l’absence de comptes-rendus dans des secteurs sensibles. Cette sortie est un signal. Et comme tous les signaux émis par ceux qui sont au cœur de l’action, elle mérite d’être entendue sans filtre, sans susceptibilité mal placée, sans diluer le message.
Le duo présidentiel inspire confiance. Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko incarnent un nouvel élan. Un langage direct, une posture sobre, une attention réelle aux urgences sociales. Le peuple, jusqu’ici, suit. Il accepte les efforts, il soutient les réformes, il adhère au cap. Mais ce contrat moral entre les citoyens et le sommet de l’Etat ne survivra pas si les structures intermédiaires faiblissent, s’enlisent dans des routines anciennes, ou deviennent les maillons passifs d’une chaîne de promesses.
Ce qui freine une gouvernance ambitieuse, ce n’est pas l’opposition. Ce ne sont pas les critiques. C’est l’immobilisme intérieur. Les agences publiques, les directions nationales, les sociétés d’Etat, les offices et autres entités rattachées doivent comprendre que leur mission ne commence pas au bas de la page, mais au cœur du projet présidentiel. L’administration n’est pas un abri. Elle est un levier. Et ce levier doit bouger.
Un peuple qui attend le changement ne regarde pas uniquement ce que disent ses dirigeants. Il observe comment ses besoins sont pris en charge dans les services de santé, dans l’éducation, dans l’agriculture, dans la justice, dans l’accès à l’eau ou à la terre. Et là, ce sont des agents, des DG, des PCA, des coordonnateurs, des chefs de service, parfois mal nommés, peu formés, ou simplement désengagés, qui tiennent entre leurs mains une part du destin collectif.
Le président et son Premier ministre ne peuvent pas, à eux seuls, porter l’Etat. Il faut une chaîne de commandement alignée, réactive, compétente. Il faut rompre avec la logique du clientélisme administratif. Il faut que les nominations cessent d’être des équations d’équilibre politique et deviennent des choix basés sur le mérite, l’engagement, l’éthique.
Les paroles d’Ousmane Sonko ne doivent pas rester suspendues dans l’espace du Conseil des ministres. Elles doivent redescendre dans les couloirs des administrations, s’ancrer dans les feuilles de route des ministres, se lire entre les lignes des décrets, se voir dans la rigueur des suivis budgétaires.
Ce que le peuple a confié à cette nouvelle gouvernance, c’est une promesse d’espérance. La seule façon de lui rendre l’ascenseur, c’est de faire fonctionner l’Etat à tous les étages, sans trahison, sans relâchement, sans duplicité. Il ne s’agit pas de plaire au sommet, mais de servir à la base.
A ceux qui sont dans l’administration publique aujourd’hui, ce texte s’adresse comme un miroir. Il vous dit : vous êtes la continuité du souffle de la rupture. Vous êtes les courroies du progrès. Vous ne pouvez pas rester à quai pendant que la locomotive s’ébranle. Il ne s’agit plus de commenter l’histoire. Il faut la faire.
Le Sénégal a voté pour un cap. Maintenant, il faut des bras pour le concrétiser. Les instructions ne suffisent plus. Les bilans powerpoint non plus. Seuls les actes rendront justice à l’engagement du peuple.
Good speech