Blanchiment- le Sénégal sort de la liste grise : la République qui rassure

Par Mamadou Sèye


La décision de l’Union européenne de retirer le Sénégal de la liste des pays à haut risque en matière de blanchiment d’argent est plus qu’un simple événement technique. C’est un signal fort, à la fois pour les investisseurs, pour nos partenaires et pour nous-mêmes. Et c’est surtout la preuve que, dans un monde traversé par les passions politiques, la continuité républicaine demeure la meilleure stratégie de crédibilité. Les nouvelles autorités peuvent s’en prévaloir.


Il est des victoires silencieuses qui parlent plus fort que mille slogans. En retirant officiellement le Sénégal de sa liste des pays à haut risque pour le blanchiment de capitaux, l’Union européenne vient d’envoyer un message puissant : notre pays est à nouveau considéré comme un interlocuteur fiable, normé, crédible. Ce n’est pas un coup de chance diplomatique. C’est le fruit d’un travail long, rigoureux, souvent invisible — et d’une posture d’Etat qui mérite d’être saluée.

Entré sur la fameuse « liste grise » en 2021, le Sénégal s’était vu reprocher des manquements réels dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme : faiblesses réglementaires, insuffisances dans les poursuites, manque de coordination entre institutions. En réponse, un plan d’action avait été déclenché, notamment sous l’impulsion de la CENTIF, de la BCEAO, de la Commission bancaire de l’UMOA, mais aussi des services du ministère de la Justice et des Finances. Ce travail sérieux, structurant, a été conduit avec méthode par les précédentes autorités. Il faut savoir le reconnaître : la République ne se construit pas dans l’amnésie partisane.

Mais ce qui a permis à l’Union européenne de valider ce retrait, c’est autre chose : la stabilité politique et institutionnelle offerte par les nouvelles autorités.
L’alternance du 24 mars aurait pu tout geler, tout compromettre. Une rhétorique populiste, un discours de rupture hostile à la diplomatie classique, ou une remise en cause des engagements internationaux auraient suffi à freiner, voire annuler, ce retrait. Il n’en a rien été.

Le nouveau pouvoir a su poser un acte fort, sans le dire : celui de la continuité intelligente. Il a rassuré, à la fois par son ton, par ses signaux envoyés aux partenaires financiers, et par son choix de ne pas céder à la tentation de tout effacer. C’est là que se mesure la maturité politique d’un régime : dans sa capacité à hériter sans renier, à consolider sans renoncer, à s’affirmer sans hystérie. Il faut en féliciter le président Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko. Ils incarnent un pouvoir nouveau, mais qui comprend que l’Etat n’est pas un terrain de revanche, mais un chantier de crédibilité.

Ce retrait de la liste grise est une aubaine. Il améliore notre image extérieure, redonne de la marge aux banques locales, facilite l’arrivée d’investissements étrangers et nous repositionne dans le circuit mondial du financement. C’est un acte invisible, mais décisif, dans la bataille pour la souveraineté économique.

Ceux qui pensaient qu’il suffisait de diaboliser l’ancien régime pour faire advenir la transparence tombent de haut. Ceux qui misaient sur un pouvoir de rupture irresponsable sont déçus. Le nouveau pouvoir, en maintenant une ligne institutionnelle stable, prouve que le patriotisme économique passe par la méthode, non par le vacarme.

C’est la République qui gagne.
Et c’est cette République-là que nous avons décidé d’accompagner.


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