Ce que le dialogue national nous doit

Par Mamadou Sèye

Il est des moments où la République se regarde dans le miroir de ses contradictions. Ce dialogue national, voulu par le président Diomaye Faye, arrive à la croisée des chemins, entre l’exigence démocratique et la tentation du sabotage. Les uns le brandissent comme un espoir, les autres comme un chiffon rouge. Et au milieu, une vérité brute : c’est au nom de la Nation que l’on convoque la parole.

Mais quelle parole, et pour qui ?

Ceux qui crient à l’imposture, souvent les mêmes qui n’ont que leur propre écho pour audience, ont déjà décrété l’échec. Les « singletons politiques » — ces solistes sans orchestre, dont la base populaire ne dépasse guère leur propre silhouette — ne cherchent pas à participer, mais à parasiter. Ils boycotteront, vociféreront, et finiront, comme toujours, par tweeter leur amertume.

Mais l’ironie du moment, c’est qu’un certain Sonko, jadis exclu du jeu parlementaire par ces mêmes contempteurs du dialogue, est aujourd’hui président de parti, fondateur de l’élan majoritaire, et devrait, à ce titre, si l’on suit la rigueur institutionnelle… être présent. L’Histoire a ses revanches, et la politique ses retournements.

Alioune Tine, qui appartient à cette société civile toujours prompte à poser des conditions idéales dans des contextes imparfaits, avait suggéré une rencontre préalable entre Diomaye, Sonko et Macky Sall. Mais à quoi bon ? Il n’y a pas de crise politique au sens classique. Ce qui se joue, c’est la refondation d’un système, pas la réconciliation de trois hommes. La République n’a pas besoin de retrouvailles sentimentales. Elle a besoin d’institutions solides, d’idées fortes, et d’acteurs responsables.

Et pendant que les sceptiques se massent sur le bord du chemin, prêts à dire « je l’avais dit » si le processus cale, les nouvelles autorités avancent, portées par une conviction rare : personne ne développera l’Afrique à notre place. Et sûrement pas ceux qui vivent de l’illusion du chaos.

Alors oui, ce dialogue est difficile, incertain, chargé d’ambiguïtés. Mais il a un mérite immense : celui d’exister. Et peut-être un défaut sublime : celui de vouloir réussir là où tant d’autres ont échoué.

Et si nous mentions demain ? Si, contre tout scepticisme, ce dialogue ouvrait enfin les portes d’une République réconciliée avec elle-même ?

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