Par Mamadou Sèye
Depuis quelques mois, un petit groupe de rêveurs s’est lancé dans une drôle d’entreprise : une pétition « Sonko dégage ». Trois mois de relances, d’appels au clic et de prières numériques pour récolter… environ 7 000 signatures. Une performance d’endurance qu’il faut presque saluer, tant elle tient du marathon de la patience.
Mais voilà qu’en moins de 24 heures, une autre pétition surgit : « Sonko reste ». Et là, c’est le tsunami. Plus de 23 000 signatures en un temps record. Avec Mame Diarra Fam à la manoeuvre. La démonstration est cinglante : non seulement la première pétition ne pesait rien, mais Sonko est aujourd’hui plus populaire qu’hier, et plus indéracinable que jamais.
La scène prête à sourire : d’un côté, les artisans du départ comptent laborieusement leurs 7 000 noms ; de l’autre, les partisans du maintien arrivent comme une marée numérique, avalant tout sur leur passage. Trois mois contre vingt-quatre heures. Fin du match, sans prolongation.
Mais derrière cette bataille de clics se cache un rêve plus ancien : provoquer la brouille entre Sonko et Diomaye. Les apprentis stratèges, convaincus de détenir le secret du pouvoir, se disent qu’en détachant Sonko, figure charismatique, ils pousseraient Diomaye à chercher refuge dans une alliance improbable avec l’APR. Le rêve est audacieux, certes, mais il reste un rêve.
Car la réalité, elle, est têtue : l’axe Sonko-Diomaye ne se fissure pas au gré des rumeurs. L’un et l’autre avancent dans la même direction, portés par une cohérence de fond et une confiance réciproque qui échappent à la logique politicienne. Ceux qui pensent pouvoir briser ce lien avec une pétition virtuelle oublient une donnée essentielle : la loyauté ne se télécharge pas.
Pendant que certains comptent leurs clics, d’autres comptent les preuves de cohésion. Pendant que les rêveurs d’alliance avec l’APR se perdent en spéculations, la base, elle, continue de vibrer à chaque mot de Sonko et de suivre avec fierté le cap fixé par Diomaye.
Cette histoire de pétitions est plus qu’une anecdote : c’est un miroir du moment. Elle montre que la politique virtuelle a ses limites et que les émotions populaires, elles, ne se manipulent pas. On peut lancer mille pétitions, mille rumeurs, mille plans ; à la fin, ce sont toujours les citoyens qui tranchent. Et leur verdict est sans appel : Sonko reste, et Diomaye garde le cap.
Alors oui, on peut en rire ce dimanche. On peut imaginer ces stratèges de salon, entourés de graphiques et de théories, rêvant encore d’une improbable discorde. On peut aussi leur rappeler, avec le sourire, qu’au Sénégal, la fidélité politique ne s’écrit pas sur des formulaires en ligne.
En définitive, cette « guerre des pétitions » aura au moins servi à une chose : rappeler que le peuple sait faire la différence entre la farce et la force. Et, jusqu’à preuve du contraire, la farce est du côté des 7 000 clics essoufflés.