Dialogue national: l’opposition et le piège de ses propres illusions.

Par Mamadou Sèye

Il faut saluer, à sa juste valeur, l’appel au dialogue lancé par le Président de la République. Dans un contexte politique apaisé mais exigeant, il aurait pu s’en dispenser. Il en avait les moyens. Une majorité parlementaire solide, un gouvernement stable, une légitimité démocratique fraîchement renouvelée. Bref, tout pour gouverner sans concession. Mais il a préféré le consensus à la confrontation. Le débat à la solitude du pouvoir. Le dépassement aux calculs partisans.

Et pourtant, comme une ritournelle usée, une partie de l’opposition brandit des conditions. Encore. Toujours. Comme si ce dialogue, pourtant ouvert, républicain, volontaire, devait passer par le prisme étroit de leurs intérêts particuliers. Comme si l’histoire récente ne leur avait rien appris.

Soyons clairs : le rapport de force n’est pas en leur faveur. Ceux qui posent aujourd’hui des « exigences » n’ont ni poids électoral avéré, ni présence territoriale solide. Ils vivent sous perfusion médiatique, convaincus qu’un bon slogan peut remplacer le suffrage. On est bien loin de la posture et de l’énergie du duo Sonko-Diomaye, qui avait su, à son époque, catalyser une colère réelle, une aspiration profonde, un souffle populaire.

Aujourd’hui, certains n’ont d’opposition que le nom. Ils cherchent à exister à défaut de convaincre. À faire du bruit à défaut de proposer. Et quand l’opportunité se présente de prendre part à une démarche collective, ils préfèrent claquer la porte avant même de s’asseoir à la table. À croire qu’ils redoutent plus le débat que l’exclusion.

Mais cette stratégie est à courte vue. Le dialogue national ne sera pas suspendu à leurs états d’âme. Il n’est ni un privilège, ni une faveur. C’est un devoir envers la République. Une main tendue qu’on accepte avec responsabilité — ou qu’on refuse au risque de s’enfermer dans l’oubli. Le pays, lui, avance. Avec ou sans eux.

Le Sénégal n’a que faire des postures stériles. Il attend de ses acteurs politiques de la hauteur, pas du théâtre. L’heure est au travail, à la reconstruction, à l’unité. Pas aux ultimatums de ceux qui peinent à se faire entendre ailleurs que sur les plateaux.

Refuser le dialogue aujourd’hui, c’est tourner le dos à l’intérêt général. C’est préférer l’anecdote au destin. C’est confondre la scène avec le Sénat, le bruit avec l’engagement.

L’histoire, elle, retiendra ceux qui ont su parler quand il fallait, mais surtout ceux qui ont su écouter.

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