FMI : le scandale sénégalais qui éclabousse jusqu’à Washington

Par Mamadou Sèye

C’est un véritable coup de tonnerre dans le ciel feutré du Fonds monétaire international. La fameuse dette cachée du Sénégal, reconnue par l’institution elle-même, n’a pas seulement ébranlé Dakar. Elle est en train de provoquer une onde de choc jusque dans les bureaux capitonnés du FMI à Washington. Et cette fois, c’est un ancien cadre de la maison, Peter Doyle, économiste américain et ex-responsable du département Europe, qui a décidé de briser la langue de bois.

Dans une tribune au vitriol, Doyle parle sans détour de « honte du Sénégal, honte du FMI ». Il accuse l’institution de complicité silencieuse, et réclame tout simplement la tête de deux directeurs, dont celui du département Afrique, coupable selon lui d’avoir fermé les yeux sur des irrégularités grossières. S’il n’y a pas de sanctions internes, avertit-il, la directrice générale Kristalina Georgieva devrait être elle-même congédiée. Rien que ça.

Et comme si cela ne suffisait pas, l’économiste s’en prend directement à Macky Sall, qu’il accuse d’avoir trompé tout le monde — son peuple, ses partenaires, et même ses anciens parrains du FMI. « On ne devrait plus permettre à Macky Sall de se pavaner à l’international », écrit-il, dans une phrase qui résonne comme un jugement moral autant que politique.

Derrière cette sortie fracassante, une vérité dérangeante : le scandale sénégalais a mis à nu les failles internes du FMI, son double langage, et son étrange tolérance pour certains dirigeants africains jugés “amis de la maison”. Quand la directrice générale a fini par reconnaître publiquement qu’il y avait bien une dette cachée, le mal était déjà fait. Et cette reconnaissance, au lieu d’éteindre le feu, a ravivé toutes les suspicions.

Depuis, les grandes chaînes de télévision du monde entier s’en sont emparées, du New York Times à France 24, en passant par Al Jazeera. Le FMI se retrouve au banc des accusés, dans un dossier où il devait pourtant être l’arbitre. Et pour le Sénégal, cette affaire risque de laisser des traces profondes, parce qu’elle ne parle plus seulement d’économie, mais de crédibilité nationale et de gouvernance.

A Washington, on commence à mesurer l’ampleur du séisme. Les emails internes chauffent, les langues se délient. Certains parlent d’un “moment de vérité” pour le FMI. D’autres, plus cyniques, évoquent un simple épisode de communication mal géré. Mais une chose est sûre : la dette cachée du Sénégal n’est plus une affaire sénégalaise. C’est devenu un cas d’école de compromission et de laxisme institutionnel.

Et comme dirait Mao — que certains feraient bien de relire —, « là où il y a oppression, il y a résistance ». Le FMI voulait jouer au pompier, il découvre qu’il tenait l’allumette. Quant à Macky Sall, il apprend à ses dépens que les voyages officiels ne suffisent pas à effacer les chiffres. Les chiffres, camarade, ont une mémoire. Et celle-là, ni le FMI ni ses amis ne pourront la maquiller.

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