Par Mamadou Sèye
Le Sénégal a rendu un hommage national d’une rare solennité au Professeur Amadou-Mahtar Mbow, ce fils du pays devenu l’une des plus grandes voix du monde sur les questions d’éducation, de dignité et de souveraineté culturelle. Ce samedi, au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD) à Diamniadio, la République s’est inclinée devant la mémoire d’un homme qui ne laissait personne indifférent par la cohérence inébranlable entre sa pensée, son action et ses valeurs.
Dans une atmosphère empreinte de respect, d’émotion et d’admiration, le Président de la République Bassirou Diomaye Faye a livré un discours profond et très politique dans son essence. Il a d’abord rappelé les racines solides de l’ancien Directeur général de l’UNESCO : « De l’excellence de son daara d’enfance, véritable lieu de discipline, il a construit les fondements de sa foi, la rigueur du savoir et la sagesse des anciens ». Ces mots n’étaient pas de simples hommages : ils traduisaient une volonté claire de replacer l’éducation, l’ancrage culturel et les valeurs morales au centre de la Nation.
Le Président a aussi évoqué une facette plus méconnue de Mbow : le combattant de la Seconde Guerre mondiale, confronté au feu dans les tranchées. C’est là, a-t-il rappelé, qu’il a « tiré la conviction profonde que la liberté constitue moins un privilège qu’un impératif moral ». L’homme de paix que le Sénégal célèbre aujourd’hui est d’abord un homme qui a vu la violence du monde et en a déduit que seule la justice protège durablement les peuples.
Ensuite, Diomaye Faye s’est attardé sur le parcours international de Mbow, devenant à l’UNESCO le porte-étendard des peuples privés de voix et de reconnaissance, l’avocat des cultures déconsidérées, le stratège de la souveraineté intellectuelle des Nations du Sud. A travers ce rappel, c’est la vision du Sénégal actuel qui affleurait : un pays qui refuse d’être marginalisé, qui exige sa place, et qui veut que l’Afrique cesse de parler bas.
Le chef de l’Etat a d’ailleurs lancé un appel direct : « Les intellectuels africains doivent faire résonner la voix de l’Afrique ». Une phrase qui dépasse largement le cadre de la cérémonie : elle sonne comme une ligne directrice de gouvernance, un marqueur idéologique assumé. A cet instant précis, l’hommage à Mbow devenait un programme, une boussole pour le futur.
Cette cérémonie n’a donc pas été seulement un moment de recueillement ; elle fut un moment d’affirmation nationale. Chaque parole, chaque symbole, chaque présence comptait. Le Sénégal a célébré un homme, mais aussi la cause à laquelle il a consacré sa vie : la liberté, la dignité, l’éducation, la souveraineté culturelle. Et par-dessus tout, la fidélité à la vérité.
Dans cette ambiance où le passé rencontre l’avenir, une image a retenu l’attention de tous : Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Sonko et El Malick Ndiaye, côte à côte, avançant dans le même pas, sous le regard de la Nation. Rien n’a été dit, mais le symbole a parlé plus fort que mille communiqués. Une image qui dément les spéculations, déjoue les impatiences, et réduit à néant les discours intéressés de ceux qui voudraient jouer les médiateurs autoproclamés ou se faire exister politiquement en brandissant la menace du chaos au sein de l’exécutif.
Car pendant que certains, à l’image de Dr Abdourahmane Diouf, multiplient les prises de parole pour « demander au Président de prendre ses responsabilités », la réalité vient de trancher : le leadership est clair, les rôles sont assumés, et la marche continue. L’opportunisme estrade n’aura jamais le dernier mot face aux vérités visibles du terrain.
Ainsi, en saluant le Professeur Mbow, la République s’est aussi donnée à voir : unie dans ses priorités essentielles, digne dans sa représentation, concentrée sur l’essentiel. Et cette journée a offert au pays un double souvenir : la grandeur d’un homme qui a donné sa vie à l’Afrique, et la certitude que l’avenir peut s’écrire sans renier ceux qui ont montré le chemin.