La critique et l’autocritique : quand la vérité rattrape la politique

Par Mamadou Sèye

La vérité a parfois la lenteur d’un train de nuit, mais elle arrive toujours à destination. Au Sénégal, elle vient de faire irruption dans le débat public, balayant d’un revers de main les certitudes bruyantes de ceux qui soutenaient mordicus qu’il n’y avait pas de dette cachée. La directrice du FMI, dans une déclaration sans ambiguïté, vient d’en finir avec les contorsions : il y a bien eu dissimulation d’informations, un “misreporting” officiel, un maquillage comptable de l’Etat. Les faits sont têtus, camarades. Et cette fois, ils ont parlé.

Depuis des mois, des voix s’étaient élevées pour nier l’évidence. Les chiffres, selon elles, relevaient du fantasme, les rapports du FMI d’un complot, la transparence d’une manœuvre. Aujourd’hui, le verdict du réel les renvoie à leurs contradictions. Et c’est ici que la politique retrouve son essence : la confrontation entre les discours et la vérité des faits. Dans la perspective marxiste, cette confrontation n’est pas une humiliation, c’est une leçon. La critique et l’autocritique sont les instruments de la conscience historique. Sans elles, aucune transformation n’est possible.

Critiquer, ce n’est pas détruire ; c’est comprendre. C’est arracher les illusions, gratter la peinture des slogans pour révéler la charpente du réel. Marx l’avait formulé avec une précision d’orfèvre : la critique n’est pas une activité secondaire, elle est l’âme de toute praxis révolutionnaire. Refuser la critique, c’est s’enfermer dans la stagnation, préférer le confort du mensonge au mouvement de l’histoire. Et l’histoire, camarades, n’a jamais pardonné ceux qui ont voulu lui mentir.

Mais l’autocritique est encore plus redoutable. Elle exige le courage de se regarder dans le miroir des faits. Mao Zedong le disait avec cette clarté tranchante des grands pédagogues : “L’autocritique est une arme tranchante : elle lave la saleté et conserve ce qu’il y a de juste.” Elle ne vise pas à humilier, mais à purifier. Celui qui pratique l’autocritique ne se soumet pas, il se redresse. C’est l’acte le plus noble qu’un militant, un dirigeant ou un intellectuel puisse accomplir.

C’est précisément ce que nos opposants refusent de faire aujourd’hui. Ils se barricadent derrière leurs postures d’hier, continuent à réciter leurs mantras comme si la parole pouvait effacer les bilans. Ils ont transformé la politique en théâtre, la démagogie en stratégie, l’amnésie en arme de défense. Mais le réel, camarades, ne se négocie pas. Les chiffres, les faits, les rapports du FMI et de la Banque mondiale ne relèvent pas de l’opinion. Ce sont des preuves matérielles. Et dans le matérialisme historique, ce sont toujours les faits qui tranchent les débats, jamais les croyances.

Le Président Diomaye, lui, a choisi une autre voie : celle de la vérité nue. Il aurait pu, comme tant d’autres avant lui, maquiller les comptes, différer la révélation, ménager les susceptibilités. Il a préféré la transparence. Dire que le pays a connu une dette cachée, c’est assumer le passé, même lorsqu’il dérange. C’est un acte de rupture avec la tradition du mensonge d’Etat. Et c’est, à sa manière, une autocritique nationale.

Les marxistes le savent : toute erreur non reconnue devient faute politique, et toute faute non corrigée finit en trahison. Ceux qui ont menti par calcul, ou nié par orgueil, ont commis une double trahison : celle de la vérité et celle du peuple. Car le peuple a droit à la clarté. Il n’a que faire des guerres de chiffres entre technocrates et politiciens. Ce qu’il veut, c’est savoir ce qui a été fait de son argent, de sa confiance, de son avenir.

Dans le fond, cette affaire de dette cachée est une leçon politique majeure. Elle rappelle que la vérité n’a pas de camp. Qu’elle finit toujours par émerger, même quand elle dérange les puissants ou ridiculise les bavards. Elle nous enseigne aussi que la politique n’est pas un jeu de communication, mais une confrontation permanente avec le réel. Ceux qui en sortiront grandis seront ceux qui auront le courage de reconnaître leurs erreurs. Les autres s’enfonceront dans le silence de leur propre incohérence.

La critique et l’autocritique ne sont pas des vestiges d’un marxisme ancien. Elles sont la respiration même de la pensée politique honnête. Elles obligent à la rigueur, à la cohérence, à la vérité. Et si certains en rient encore, c’est qu’ils n’ont pas compris que le rire est souvent le dernier refuge des désemparés.

Camarades, la vérité a parlé. Le FMI n’a fait que confirmer ce que la logique, la méthode et la conscience marxiste savaient déjà : le mensonge finit toujours par se fissurer. Le moment est venu de redonner à la politique sa dignité, en retrouvant ce vieux réflexe révolutionnaire : la critique pour comprendre, l’autocritique pour avancer, la vérité pour libérer.

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