L’année 2025 s’ouvre sur une note d’optimisme mesuré pour l’économie sénégalaise. Après une période de turbulences marquée par des tensions politiques et des incertitudes institutionnelles, le pays semble reprendre pied sur le terrain de la croissance. Les indicateurs macroéconomiques sont au vert, les perspectives s’éclaircissent, et des chantiers structurants donnent de la consistance à un espoir longtemps différé.
La croissance économique, attendue autour de 8,4 %, place le Sénégal parmi les économies les plus dynamiques du continent africain. Cette embellie n’est pas le fruit du hasard. Elle est portée par l’entrée en production des ressources pétrolières et gazières offshore, notamment dans les champs de Sangomar et Grand Tortue. Ce tournant énergétique ne se limite pas à un apport budgétaire. Il redéfinit les leviers de souveraineté économique et les rapports de force dans la sous-région.
Mais le mérite des autorités ne réside pas seulement dans l’exploitation de ces ressources naturelles. Elles ont engagé des réformes structurelles qui commencent à porter leurs fruits : meilleure transparence dans la gestion publique, réduction des déficits, lutte contre la corruption, incitations aux investissements productifs, promotion des PME, appui au secteur agricole et soutien à la transformation locale. L’économie sénégalaise, longtemps dépendante de la consommation et des importations, tente une inflexion vers un modèle plus productif et plus inclusif.
Autre signal rassurant : l’inflation reste contenue, ce qui protège le pouvoir d’achat des ménages. Dans un contexte mondial encore marqué par les effets de la guerre en Ukraine, du ralentissement chinois et de la volatilité des marchés, cette stabilité est un précieux atout. Elle atteste d’une gestion rigoureuse et d’une coordination efficace des politiques monétaires et budgétaires.
La confiance des marchés s’est renforcée, les investisseurs se montrent de nouveau attentifs, et les partenaires techniques et financiers saluent la trajectoire économique du pays. Mieux encore : les premiers signaux de la relance sont visibles sur le terrain, dans les infrastructures, les ports, les zones industrielles, et même dans certaines campagnes agricoles où les efforts de modernisation sont palpables.
Pour autant, la lucidité doit tempérer l’enthousiasme. Les défis sont réels et nombreux. Le chômage structurel, notamment chez les jeunes, reste un point noir. Les inégalités entre régions persistent. La qualité de l’éducation, de la santé, de la justice, appelle une réforme profonde. Et surtout, le développement ne pourra se faire au détriment de la cohésion sociale, ni au mépris des principes démocratiques.
Le nouveau pouvoir, porté par une forte attente populaire, a devant lui une opportunité rare : transformer les fondements de l’économie sénégalaise pour la rendre plus souveraine, plus équitable et plus résiliente. Il ne suffit pas de produire de la richesse : encore faut-il la redistribuer de manière juste, durable et efficace.
En définitive, le Sénégal de 2025 est à un carrefour. Entre promesse et prudence, entre espoir et exigence. Le cap est donné. Reste à tenir le rythme, garder le cap de l’éthique publique, et surtout, ne pas trahir les attentes de celles et ceux qui ont cru à un renouveau.
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