LGBT au Sénégal : refus de l’homosexualité, rejet de l’intimidation

Par Mamadou Sèye

Le Sénégal est un pays profondément attaché à ses valeurs culturelles et religieuses. Sur le sujet de l’homosexualité, le rejet est majoritaire, voire consensuel. Il ne s’agit pas de le nier. Mais il y a une différence entre ne pas approuver un comportement, et céder à la tentation de l’intimidation ou de la vindicte.

Depuis plusieurs mois, certains groupes organisent des manifestations récurrentes, avec pour objectif de faire pression sur l’Etat afin de durcir davantage la législation. Ils brandissent des menaces, fixent des ultimatums, interpellent les autorités comme s’ils détenaient seuls la légitimité morale. C’est là que le problème se pose.

Nous ne défendons pas l’homosexualité. Mais nous refusons toute forme de terrorisme sociétal. Car c’est bien de cela qu’il s’agit quand, au nom de la morale, on crée un climat de peur, on appelle à la délation, on stigmatise, voire on agresse. La société sénégalaise mérite un débat lucide, pas une chasse aux sorcières.

La loi sénégalaise est déjà claire. L’article 319 du Code pénal punit les actes contre-nature. Doit-on aller au-delà ? Et jusqu’où ? Enfermer pour un soupçon ? Refuser des soins, un emploi, un logement ? On voit poindre un populisme moral qui détourne l’attention des vrais défis du pays : chômage, éducation, santé, justice sociale.

Dans ce contexte, l’Etat doit garder son sang-froid. Son rôle n’est pas d’exécuter les injonctions des foules, mais de protéger tous les citoyens, quels qu’ils soient, et de garantir l’ordre public. Le respect des croyances n’exclut pas la rigueur républicaine. Et le Sénégal ne peut se construire dans la peur de la différence.

Refuser l’homosexualité est un droit. Mais refuser la haine, l’appel à la violence et la justice parallèle est un devoir. Entre silence complice et radicalisme agressif, il y a un chemin : celui de la lucidité, de l’apaisement, et de la cohérence républicaine.

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