Par Mamadou Sèye
Chaque jour, un nouveau procès d’intention, un nouvel appel à sa démission, une nouvelle polémique sur sa veste trop cintrée ou sur les pas de sa démarche. Mais Ousmane Sonko ne faiblit pas. Il fascine, obsède, dérange. À tel point que certains en oublient toute mesure et se perdent dans une haine pathologique. Diagnostic d’un refoulé collectif dont Sonko est devenu le miroir révélateur.
Il suffit que son fauteuil de Premier ministre balance légèrement à l’Assemblée pour que l’opinion se soulève. Que son boubou tombe trop droit sur les épaules, que sa voix ne tremble pas devant l’adversité, et les réseaux s’enflamment. Ousmane Sonko est devenu plus qu’un homme politique : il est un phénomène psychanalytique, une obsession nationale.
Ses détracteurs, dans une confusion sidérante entre l’analyse politique et le règlement de compte affectif, exhibent des symptômes troublants. L’un voit dans son silence une menace. L’autre dans son rire une provocation. Un troisième jure que ses yeux trahissent une conspiration permanente. Ce n’est plus de la politique, c’est une hystérie collective.
On l’insulte, faute de pouvoir l’infirmer. On invente des fractures, faute de pouvoir briser l’axe qu’il forme avec Diomaye Faye. On rêve de le voir chuter, de le voir isolé, éloigné du pouvoir, comme si cela pouvait enfin calmer cette chose qui tourmente les âmes de certains : la culpabilité sourde d’avoir laissé le pays basculer dans les mains d’un régime déchu, jusqu’à ce que Sonko vienne dire : « Assez ! »
Ceux qui l’attaquent le plus violemment sont souvent ceux que sa victoire a arrachés à leurs conforts indus, leurs privilèges anachroniques. Il est le déclencheur de leur effondrement. Il incarne leur perte. D’où cette rage. Cette volonté désespérée de le voir disparaître.
Mais plus ils hurlent, plus le peuple écoute. Plus ils l’attaquent, plus il s’élève. Il ne faut pas sous-estimer le paradoxe Sonko : l’acharnement contre lui le rend plus légitime. L’indignation orchestrée autour de ses choix, de ses gestes, de ses silences, le sanctifie davantage.
Ils l’accusent d’être partout, de tout peser, d’anticiper tout. Ils confondent autorité morale et pouvoir occulte. Ils n’ont jamais lu Spinoza, camarade ! Sinon ils sauraient qu’on ne combat pas une idée en criant plus fort, mais en proposant une idée plus grande. Ce qu’ils n’ont jamais fait.
Imaginons un seul instant le Sénégal sans la fulgurance du réveil porté par Ousmane Sonko et ses compagnons. Ce pays aurait continué à sombrer dans les abysses d’un régime maquilleur de chiffres, pilleur de terres, détourneur de milliards. Un système où l’indignité s’était érigée en méthode de gouvernance, et où la République s’était rétrécie jusqu’à devenir l’affaire privée d’un clan. Chaque jour, les révélations tombent comme des pierres sur les consciences : ici, une affaire foncière sordide ; là, des milliards qui s’évaporent comme de la brume dans un désert moral.
Sans Sonko, le Sénégal aurait continué à danser sur un volcan, au rythme d’un pouvoir devenu sourd aux cris du peuple. Disons-le sans ambages : cet homme est le sauveur de la République. Et même ceux qui l’insultent le matin savent, au fond d’eux-mêmes, qu’ils lui doivent le soir leur tranquillité.
Mais le plus ironique, c’est que dans leur haine, ils sont en train d’installer Sonko, inéluctablement, au Palais, après que Diomaye aura accompli sa mission. Quelle ironie ! C’est leur acharnement qui balise son destin. Plus ils crient, plus ils le rendent incontournable.
Alors oui, qu’ils continuent. Qu’ils déversent leur bile et leur fiel. Cela fait office de purification nationale. Et pendant qu’ils s’agitent, le pays avance. Et Sonko, stoïque, marche. Droit. Sobre. Inébranlable.