Pendant que l’opposition s’agite, Sonko organise la suite

Par Mamadou Sèye

Il faut rendre à Ousmane Sonko cette qualité rare dans le champ politique sénégalais : il ne parle jamais sans connaître à l’avance la réaction de ses adversaires. Mieux, il fabrique ses sorties pour les y attirer, comme on attire une mouche dans le vinaigre. Le discours qu’il vient de prononcer, en installant le Conseil national de PASTEF, n’est pas seulement une déclaration d’orientation : c’est un appât. Et l’opposition s’y précipite.

Elle fera ce qu’il a prévu qu’elle fasse : surinterpréter une prétendue brouille avec Diomaye. Elle tentera d’en faire une crise. Une rupture. Une césure dans la gouvernance. Elle sortira les vieux mots : « Sonko omniprésent », « Diomaye stagiaire », « bipolarité du pouvoir », etc. Elle réchauffera des polémiques que le peuple a déjà dépassées depuis le 24 mars.

Et pendant ce temps-là, que fera Sonko ? Rien. Il laissera faire. Il regardera. Et il fera un pas de plus dans la construction du Congrès de PASTEF. Parce que la vraie bataille, ce n’est pas le bavardage politicien, c’est la massification, l’organisation, la structuration. Ce que l’opposition a cessé de faire depuis belle lurette.

L’opposition, ou ce qu’il en reste, s’épuisera donc dans l’interprétation. Elle mobilisera ses maigres forces pour tenter de transformer une posture stratégique en drame institutionnel. Elle croira trouver des signes dans chaque virgule, des fissures dans chaque phrase, des rivalités dans chaque silence. Elle commentera ce qui n’existe pas. Et pendant ce temps, elle ne reconstruira rien.

PASTEF, lui, trace sa route. Vers le Congrès. Vers les élections locales. Vers une nouvelle vague. L’objectif est clair : s’ancrer dans les territoires, rafler les communes, bâtir des bastions. Et le paradoxe est là : pendant que les autres scrutent les têtes, le parti travaille les racines. Il va à la base, occupe les foyers, reconstruit les ASC, réarme les jeunesses militantes. C’est du travail de fond, pas de buzz.

Et Sonko le sait. Il sait que les adversaires n’ont ni le souffle, ni la base, ni le logiciel pour comprendre cette stratégie. Ils veulent une guerre d’images, il leur oppose une guerre d’organisation. Ils veulent du bruit, il leur en donne, mais pendant qu’ils dansent sur le piège, il plante déjà l’étendard du futur.

Et que se passera-t-il ensuite ? L’opposition, vexée d’avoir été abusée, fera marche arrière. Elle dira : “Ah, finalement ils sont ensemble !” Et reviendra à son vieux refrain : “Diomaye n’est qu’un président de vitrine.” Mais entre-temps, le Conseil national sera installé. Le Congrès en vue. Les militants remotivés. La machine électorale relancée.

C’est tout le génie du stratège : pendant que l’adversaire critique votre mouvement, il est déjà trop tard. Vous êtes déjà ailleurs. L’opposition commente un discours. Sonko, lui, construit une victoire.

Et qu’on se le dise : ces gens ne boxent pas dans la même catégorie. L’un pense à la Une. L’autre pense à la carte électorale. L’un fait du bruit. L’autre fait l’Histoire.

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