Quand la Chine sourit au Sénégal : une visite, mille ouvertures

Par Mamadou Sèye

La visite du Premier ministre Ousmane Sonko en Chine marque un tournant stratégique dans les relations sino-sénégalaises. Derrière les poignées de main, les signatures d’accords et les discours officiels, se dessine un nouvel horizon économique et géopolitique. Un Sénégal réarmé pour la souveraineté, l’innovation et l’audace.

La Chine n’accueille pas n’importe qui avec faste et engagement. Elle lit les signes, déchiffre les temps et choisit ses partenaires. En recevant Ousmane Sonko avec tous les honneurs dus à un homme d’Etat qui compte, Pékin a envoyé un message fort au monde entier : le Sénégal est désormais un interlocuteur crédible, lucide, souverain.

Cette visite n’est pas une tournée diplomatique de plus, ni un bal d’accords creux en forme de vœux pieux. Elle a été structurée, dense, articulée autour d’un agenda de transformation profonde. Les domaines abordés – infrastructures, agriculture, numérique, industrie pharmaceutique, coopération militaire, et transferts technologiques – ne relèvent pas de la diplomatie décorative, mais d’un choix stratégique assumé : placer le Sénégal sur l’orbite de l’indépendance économique.

Derrière le protocole, un souffle nouveau. Le Premier ministre n’a pas fait du tourisme d’Etat : il a engagé une séquence où la parole politique s’aligne sur les besoins du peuple. En Chine, Sonko a parlé souveraineté alimentaire avec des entreprises de machinisme agricole, il a abordé l’industrialisation en évoquant des unités de transformation locale, il a plaidé pour des partenariats équilibrés, loin des schémas de dépendance habituels. Et surtout, il a insisté sur les transferts de technologie, pas comme un luxe, mais comme une exigence.

Il est important de le souligner : le Sénégal ne s’est pas présenté en mendiant de financements, mais en partenaire stratégique. Ce positionnement est nouveau dans notre diplomatie : il dénote une volonté de négocier d’égal à égal, de s’insérer dans le jeu mondial sans complexe ni posture servile. Ce n’est pas la Chine qui change. C’est le Sénégal qui se relève.

Et que dire du message politique subtil mais puissant ? C’est Sonko qui est allé en Chine, pas Diomaye. Non pas par usurpation de fonction, mais parce que le gouvernement fonctionne en cohérence, avec une répartition claire des rôles. Ceux qui cherchent à opposer les deux hommes, à imaginer des rivalités de palais, n’ont pas compris le logiciel Diomaye-Sonko. Cette visite les renvoie à leur vacuité.

Ceux qui y voient un échec diplomatique parce que le Sénégal n’a pas décroché la présidence de la CEDEAO confondent podiums symboliques et dynamiques structurelles. Il vaut mieux signer dix projets d’avenir avec la deuxième puissance économique mondiale que de présider une organisation sans levier réel. L’échec n’est pas là où ils le cherchent. Le vrai succès, c’est la redéfinition des rapports Nord-Sud à partir du Sud.

Oui, la Chine a souri au Sénégal. Mais ce sourire ne s’obtient pas avec des pirouettes diplomatiques ou des postures de sujétion. Il a été arraché par une démarche sérieuse, une parole alignée sur les actes, et une vision portée par un homme qui incarne – à sa manière – la promesse d’un renouveau africain.

Cette visite n’est pas une parenthèse. Elle est un jalon. Elle oblige désormais le gouvernement à traduire ces accords en actions visibles, mesurables, audacieuses. Il ne s’agit plus de promettre : il s’agit de produire. Il ne s’agit plus de rêver : il s’agit de bâtir.

Et dans ce monde brutal, instable, traversé de guerres et de cynismes, le Sénégal se donne le droit – et les moyens – d’exister autrement.

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