Quand la fête tourne au fiasco — le faux départ de la nouvelle Fédération sénégalaise de football

Par Mamadou Sèye

Hier, le Sénégal s’est qualifié pour la prochaine Coupe du monde en écrasant la Mauritanie par quatre buts à zéro. Un triomphe sportif, une démonstration de maîtrise sur le terrain, mais une victoire au goût d’inachevé. Le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, avait pris place dans les gradins pour partager cette communion nationale. Pourtant, ce qui devait être une soirée de liesse s’est transformé, pour beaucoup, en une expérience de frustration et de désordre. La nouvelle Fédération sénégalaise de football, à sa première grande épreuve symbolique, a manqué son rendez-vous avec le peuple.

Les témoignages se recoupent : billets inaccessibles, prix prohibitifs, désorganisation aux guichets, accréditations refusées sans explication. Dans un pays où le football transcende les clivages, où chaque match des Lions est un acte de foi collective, ces ratés logistiques et symboliques ont jeté une ombre sur la victoire.
Le peuple voulait vibrer, on l’a fait patienter. Il voulait partager, on l’a frustré.

Pourtant, la nouvelle équipe fédérale, à peine installée, avait promis une ère de rigueur, de transparence et de proximité. Hier soir, elle a donné le spectacle inverse : celui d’une structure encore refermée sur elle-même, peu attentive à l’essentiel — les supporters, les journalistes, et tous ceux qui font battre le cœur du football sénégalais.

On ne bâtit pas la confiance sur des déclarations. On la construit dans les détails : un billet bien géré, une accréditation délivrée à temps, une organisation fluide. Hier, la Fédération a oublié que le football n’est pas une affaire d’élus, mais de peuple.

Le contraste était saisissant : dans les tribunes, la présence présidentielle incarnait l’unité, la volonté d’accompagner les Lions dans la conquête du monde. Sur le terrain, les joueurs ont fait le travail. Mais autour, le chaos a pris le dessus.
Ce décalage entre la performance sportive et la défaillance organisationnelle résume tout : une victoire sur la pelouse, un échec dans les coulisses.

Le football sénégalais mérite mieux. Il mérite une gouvernance lucide, proche, exigeante. Car la passion ne se décrète pas : elle se respecte. Et dans ce pays où les stades sont les temples d’une foi collective, la moindre faille dans l’organisation est vécue comme une trahison symbolique.

Oui, le Sénégal est qualifié. Et tout un peuple peut en être fier.
Mais derrière la victoire, il reste ce sentiment amer que la fête aurait pu être plus belle, plus juste, plus populaire.
Un faux pas au départ n’est pas une faute irrémédiable — à condition que la leçon soit entendue.
Car le football, ici, n’est pas qu’un jeu : c’est une promesse de communion qu’il faut savoir tenir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *