Quand le Sénégal déjoue les pronostics

Par mamadou Sèye

A force de parier sur notre effondrement, certains ont fini par se tromper d’époque. Le Sénégal ne sombre pas. Il se relève. Et cette fois, ce ne sont pas des mots : les marchés eux-mêmes en témoignent. Les eurobonds sénégalais flambent, les investisseurs reviennent, la confiance renaît. Pendant que d’autres distillent le désespoir, les faits, têtus, viennent clouer le bec aux détracteurs.

Tout est parti de Washington, d’une rencontre entre la délégation sénégalaise et la Directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. Un communiqué, quelques lignes sobres, et le ton du monde financier a changé. Le Sénégal inspire de nouveau la confiance. Parce qu’il a choisi la transparence, la rigueur, et surtout la dignité dans la négociation.

Soyons clairs : le FMI n’est pas notre horizon. Il n’a jamais été ni l’alpha ni l’oméga de notre destinée économique. C’est un partenaire, pas un tuteur. Nous avons besoin d’un accompagnement, pas d’une tutelle. Et sur ce point, le gouvernement a parfaitement raison : 90 % de notre développement doit être financé par nos propres ressources, par l’énergie de nos contribuables, par la vitalité de nos entreprises, par la créativité de nos jeunes.

Mais il faut aussi le dire sans hypocrisie : le FMI n’est pas l’ennemi. Ceux qui prétendent le contraire cultivent une paresse intellectuelle dangereuse. Dans un monde interdépendant, aucun pays, fût-il fier de son indépendance, ne peut s’isoler de la logique financière internationale. Ce qui compte, c’est de savoir y entrer la tête haute, sans mentir sur ses chiffres ni travestir sa réalité budgétaire. C’est là que se mesure la souveraineté véritable.

Le Sénégal a traversé la tempête du “misreporting”, les ombres de la dette dissimulée, et les erreurs de gestion d’un autre temps. Il en sort avec un message clair : le mensonge économique n’est plus une option. Et cette vérité, aussi rude soit-elle, a libéré le pays. Les marchés, qui ne se nourrissent ni de slogans ni de rancunes, ont compris avant tout le monde que la page était en train de se tourner.

Ceux qui souhaitaient l’échec du nouveau régime pour se venger d’avoir perdu leurs privilèges politiques peuvent désormais ravaler leurs sarcasmes. Ils avaient prédit la faillite. C’est la confiance qui s’installe. Ils brandissaient la dette comme une malédiction. C’est la rigueur qui répond. Ils rêvaient de voir le Sénégal à genoux devant le FMI. C’est le FMI lui-même qui salue le courage du Sénégal.

Les marchés ne mentent pas. Ils sanctionnent le flou et récompensent la clarté. Et aujourd’hui, c’est la clarté sénégalaise qu’ils plébiscitent. Le pays n’a pas quémandé : il a négocié. Il n’a pas supplié : il a expliqué. Et c’est cette attitude digne, ferme, souveraine, qui fait toute la différence.

Le moment est venu de comprendre que la vraie bataille ne se joue plus sur les plateaux de télévision, mais dans les chiffres, dans la discipline, dans la transparence. Le Sénégal nouveau se bâtira sur sa propre sueur, avec ou sans le FMI. Et plus nous renforcerons nos ressources internes, moins nous aurons besoin de tendre la main. C’est là, et seulement là, que réside la victoire politique, morale et économique.


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