Quand la politique vacille sur un fauteuil

Par Mamadou Sèye

Alors que les institutions retrouvent une vitalité rare et que le Premier ministre s’impose par la parole et les actes, une certaine opposition choisit la dérision et s’accroche… au mobilier. Entre chaise vide, chaise bancale et chaise critique, retour sur un épisode symptomatique du désarroi politique ambiant.


L’image restera cocasse : un Premier ministre qui répond calmement aux interpellations des députés, se balançant légèrement sur son fauteuil, et une opposition en panne d’arguments, réduite à analyser… la hauteur de la chaise. Ce n’est pas une blague. C’est désormais sur la posture assise d’Ousmane Sonko que certains ont choisi de concentrer leurs critiques. Selon eux, son balancement serait un signe d’arrogance, voire un outrage à l’Assemblée nationale. On croit rêver.

La scène prête à sourire, certes, mais elle dit surtout beaucoup du malaise d’une classe politique désorientée par la rupture de style et de fond opérée par le nouveau pouvoir. Car au lieu de s’intéresser au contenu des réponses du chef du gouvernement — structurées, chiffrées, pédagogiques — certains ont préféré traquer le moindre geste, la moindre mimique, le moindre angle de caméra. Le débat politique devient analyse posturale. La République du sérieux mérite mieux.

Ceux qui crient au scandale oublient un peu vite qu’ils avaient eux-mêmes choisi la politique de la chaise vide. En boycottant les questions au gouvernement, cette opposition a montré qu’elle n’avait, dans l’immédiat, ni projet alternatif, ni stratégie claire, ni envie réelle d’assumer son rôle dans l’hémicycle. Il est pour le moins curieux de fuir le débat d’idées, puis de revenir en hâte pour contester… un dossier de siège.

Le peuple sénégalais, lui, ne s’y trompe pas. Il attend des réponses sur l’emploi, l’éducation, la santé, la souveraineté économique. Pas une lecture symbolique de l’inclinaison lombaire d’un Premier ministre en action. Le confort d’un fauteuil n’effacera jamais l’inconfort des silences politiques.

À l’heure où le pays tente un nouveau départ, il serait bon que l’opposition se ressaisisse. Car le fauteuil de la démocratie, pour rester stable, a besoin que tous ses pieds jouent leur rôle. Et en politique, mieux vaut un siège qui penche qu’une parole qui vacille.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *