Quand les relais au sommet se figent, même les leaders les plus dynamiques patinent

Par Mamadou Sèye

Dans toute administration, même la plus inspirée, les meilleures volontés finissent par s’émousser quand la réactivité n’est pas au rendez-vous. La Présidence et la Primature incarnent aujourd’hui une ambition claire : celle de redonner sens à l’action publique, d’imprimer de la rigueur et de la proximité. Mais cette ambition se heurte parfois à un obstacle moins visible que la polémique : la lenteur interne, le silence administratif, l’attente interminable.

De plus en plus de Sénégalais s’en plaignent. Des correspondances adressées depuis des mois restent sans suite. Des courriers pourtant essentiels à des projets, à des initiatives économiques, ou à des démarches citoyennes dorment dans les circuits. Certains conseillers prennent jusqu’à sept mois pour donner suite, d’autres s’abstiennent purement et simplement. Et pendant ce temps, la confiance s’érode, la crédibilité du sommet s’émousse, et les citoyens doutent de la capacité du système à suivre le rythme de leurs dirigeants.

Il ne s’agit pas d’un simple dysfonctionnement administratif : c’est un problème de gouvernance. Quand la chaîne du suivi se rompt, c’est tout le travail acharné des dirigeants qui s’en trouve ralenti. Les dossiers s’empilent, les initiatives se perdent, les décisions attendues se font désirer. Et l’opinion, elle, ne distingue pas toujours les responsabilités : elle juge sur le résultat.

Un Président ou un Premier ministre peuvent multiplier les signaux forts, impulser des réformes, rencontrer les acteurs, mais si leurs collaborateurs directs ne traduisent pas cette dynamique en actes concrets, le message s’éteint avant d’atteindre le terrain. Les lenteurs, les silences ou les réponses tardives sabotent sans le dire le capital de confiance qu’ils s’efforcent de bâtir.

La solution n’a rien de révolutionnaire : elle s’appelle rigueur, traçabilité, responsabilité. Dans les plus hautes sphères, la gestion du temps et la discipline de réponse ne sont pas des options. Chaque courrier mérite un suivi clair, chaque sollicitation un retour, ne serait-ce que pour accuser réception. C’est une question de respect, mais aussi d’efficacité.

L’action publique moderne repose sur la fluidité de l’information, la réactivité et la responsabilité individuelle. A ce niveau de l’Etat, l’attente prolongée d’un courrier ou l’absence de suite n’est pas une simple négligence : c’est une faute contre la bonne gouvernance. La vigilance s’impose. Et elle doit venir d’en haut, comme un rappel à l’ordre tranquille mais ferme : servir l’Etat, c’est répondre, traiter, agir, sans délai inutile.

Les Sénégalais le voient, le ressentent et commencent à en parler. Leurs attentes sont fortes, leurs espoirs immenses. Il serait dommage que des retards internes fassent douter de la sincérité d’une gouvernance que beaucoup continuent à soutenir.


Un commentaire sur « Quand les relais au sommet se figent, même les leaders les plus dynamiques patinent »

  1. Tout d’abord, mes vives félicitations Monsieur SÈYE. J’avoue que vous êtes un des rares journalistes qui a capté mon attention. Je ne suis point militant de PASTEF mais comme vous, j’ai participé aux luttes politiques de la gauche dans ce pays. Je suis chef d’entreprise depuis plus de 40 ans et pour la première fois j’ai de l’espoir pour l’avenir de ce pays malgré les difficultés que je rencontre avec certains fonctionnaires gangrenés par les habitudes de l’ancien système. A titre d’exemple, j’ai il y a plus de trous mois un courrier au premier ministre pour l’informer de solutions que ma société a développées et qui sont d’importance economique nationale incontestable, mais je n’ai même pas eu droit à un accusé de réception. J’ai pu me procurer le numéro du directeur du PM, l’ai appelé pour savoir s’il est au courant de mon courrier. Comme il ne répondait pas, je lui ai envoyé deux Sms en précisant l’objet de mon courrier. Il n’a même pas eu la courtoisie de me répondre, de repondre à un chef d’entreprise qui ne cherche et ne demande absolument aucune faveur. Je n’ai pas manqué de m’en ouvrir au patron de mon syndicat patronal qui m’a répondu rencontrer le même silence …
    J’ai aujourdhui le sentiment que le président et le premier ministre ne sont toujours entourés par des hommes et femmes qui ont rompu avec les pratiques des régimes précédents. Je ne sais pas s’il ne faut une « révolution culturelle » pour changer profondément le comportement des hauts fonctionnaires qui ne semblent comprendre le sens du Jub, Jubal, Jubbanti.

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