Retour sur la visite de Sonko en Chine : une diplomatie de souveraineté assumée


Par Mamadou Sèye

La visite du Premier ministre Ousmane Sonko en Chine, conclue dans la sobriété mais marquée par des symboles puissants, confirme l’entrée du Sénégal dans une nouvelle ère diplomatique. Loin des postures folkloriques et des alignements automatiques, c’est un langage de souveraineté calme, ferme et méthodique qui a été parlé à Pékin. Et cela n’a échappé à personne, sauf à ceux qui refusent de voir.

Il faut parfois traverser des continents pour révéler l’essence d’un projet politique. A Pékin, Ousmane Sonko n’était pas en campagne, ni en croisade. Il était en mission. Une mission d’Etat, pensée, préparée, structurée autour d’un mot d’ordre qui revient sans cesse dans son discours et dans sa méthode : la souveraineté.

Dans une Asie devenue le nouveau centre de gravité des dynamiques mondiales, le Premier ministre sénégalais n’a ni quémandé, ni gesticulé. Il a parlé en adulte, en chef de gouvernement d’un pays qui assume désormais de diversifier ses partenariats, de rompre avec la dépendance déguisée, et de choisir librement ses alliances. Ce n’est pas un alignement sur Pékin, c’est une réaffirmation de la liberté de Dakar.

En retour, la Chine ne s’y est pas trompée. L’audience accordée par le président Xi Jinping, le traitement protocolaire réservé à la délégation sénégalaise, et les échanges sur des dossiers stratégiques comme les infrastructures, le numérique, la formation ou le transfert de technologies témoignent d’un respect nouveau pour le leadership sénégalais.

Mais pendant que Pékin déroule le tapis rouge, à Dakar, certains ont tiré le rideau. Des médias réputés pour leur sens du relais diplomatique sont soudainement devenus silencieux, voire absents. Un boycott non déclaré, révélateur des crispations locales face à un pouvoir qui dérange parce qu’il ne se laisse ni acheter ni distraire. Le malaise est palpable : comment saluer un homme que l’on a passé des années à caricaturer, voire à exclure du récit national ?

Pourtant, les faits sont têtus. La diplomatie sénégalaise, depuis le 24 mars, ne cherche pas l’effet de manche. Elle avance, droit dans ses bottes, sur tous les fronts : Mali, Guinée, sommet de la CEDEAO, sommet Russie-Afrique, visite à Davos, et aujourd’hui la Chine. Le tout dans une cohérence rare : discours clair, objectifs définis, posture mesurée.

Ousmane Sonko, longtemps enfermé par ses adversaires dans la case du tribun radical, est en train de déployer une vision d’homme d’Etat. Sa visite en Chine ne l’a pas métamorphosé ; elle l’a simplement confirmé. En quelques jours, il a réussi à nouer des engagements concrets, à renforcer l’image du Sénégal, et à tracer une ligne claire : celle d’un partenariat équitable, où le respect remplace la soumission, et où les intérêts du peuple guident la politique étrangère.

En vérité, il ne s’agissait pas seulement d’un voyage officiel. C’était un message envoyé à tous les partenaires du Sénégal, présents et futurs : le temps des signatures à l’aveugle est révolu. Désormais, Dakar regarde loin, choisit ses pas, et surtout, ne baisse plus les yeux.

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