Retour sur la dette du Sénégal : entre intox, héritage lourd et nouvelle vision

Par Mamadou Sèye

Depuis quelques heures, une campagne orchestrée autour d’un chiffre choc – 10 000 milliards de francs CFA empruntés en un an – tente de faire croire que le gouvernement Diomaye–Sonko aurait précipité le Sénégal dans un gouffre d’endettement. L’argument est commode, la formule est simple, et donc dangereuse. Car derrière ce chiffre spectaculaire se cache une construction confuse, sans base sérieuse ni source vérifiable. À ce jour, aucun document officiel – ni du ministère des Finances, ni du FMI, ni de la BCEAO – ne confirme une telle explosion de l’endettement en un an. En réalité, il s’agit d’un glissement volontaire entre emprunts bruts, besoins de financement, refinancement de dettes anciennes, et encours total accumulé depuis plus d’une décennie. C’est une manœuvre de communication, pas une photographie de la situation économique.

Le budget 2024, adopté avant même l’élection de Bassirou Diomaye Faye, est de 7 003 milliards de FCFA, avec un déficit prévisionnel de 4,9 % du PIB, dans les normes UEMOA. Ce déficit est partiellement financé par des emprunts, comme dans tous les pays du monde. Aucun chiffre n’indique une levée massive de 10 000 milliards en douze mois. Le reste relève du fantasme comptable.

Mais l’attaque est d’autant plus ironique qu’elle émane souvent de nostalgiques du système précédent, qui semblent oublier que l’encours de la dette publique du Sénégal est passé de moins de 3 000 milliards en 2012 à plus de 12 000 milliards en 2023. C’est sous Macky Sall que le pays a connu la progression la plus fulgurante de sa dette, sans que cela ne soulève de haut-le-cœur chez les actuels pourfendeurs du chiffre. Les projets fastueux, souvent surévalués, rarement rentables, parfois inachevés, sont encore là, vestiges d’un modèle qui a misé sur l’endettement pour briller, mais pas toujours pour produire.

Face à cet héritage, le gouvernement actuel ne fuit pas ses responsabilités. Il assume, il affine, il restructure. Il renégocie certaines échéances, annule des marchés opaques, et surtout, oriente les emprunts vers des secteurs productifs, utiles et porteurs de souveraineté : l’agriculture, la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire. La dette devient un levier, non un piège. Ce n’est pas une fuite en avant, c’est une reprise en main rationnelle, pensée dans le respect des équilibres budgétaires et des priorités sociales.

Ce qu’on appelle « la dette du Sénégal » aujourd’hui, c’est d’abord celle d’hier. Ce qu’on tente de faire porter aux nouvelles autorités, c’est la facture d’une décennie de pilotage budgétaire hasardeux. Mais le peuple sénégalais, lucide, voit clair. Il sait distinguer la dette qui écrase de celle qui libère, celle qui finance des éléphants blancs de celle qui irrigue les urgences sociales. Les Sénégalais ne sont pas dupes : ils voient bien que pour la première fois, un pouvoir parle rigueur budgétaire, justice fiscale, efficacité de la dépense publique.

Alors que certains agitent des chiffres comme des épouvantails, le pays avance. Plus sobrement. Plus prudemment. Mais avec détermination. La dette n’est pas le problème. Le mensonge sur la dette, si.

Un commentaire sur « Retour sur la dette du Sénégal : entre intox, héritage lourd et nouvelle vision »

  1. Le budget 2024 semble ambitieux, mais le déficit prévisionnel de 4,9 % du PIB soulève des questions sur la gestion financière. Les emprunts pour financer ce déficit sont une pratique courante, mais il est essentiel de surveiller leur impact sur l’économie. Promedia, avec sa plateforme innovante, offre une analyse approfondie de ces enjeux économiques et politiques. Leur approche éditoriale constructive permet de mieux comprendre les défis actuels. Comment Promedia envisage-t-elle de couvrir les répercussions de ce budget sur la population ? German news in Russian (новости Германии)— quirky, bold, and hypnotically captivating. Like a telegram from a parallel Europe. Care to take a peek?

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