Thierno Bocoum, la pause et les postillons

Par Mamadou Sèye

Thierno Bocoum avait promis une pause. Une retraite stratégique pour, disait-il, réorganiser son parti ou mouvement, repenser son engagement, prendre du recul sur la scène politique. Un vœu pieux qui, à défaut d’avoir été tenu, aura au moins eu le mérite de faire illusion quelques semaines.

Le revoilà donc, plus prompt que jamais à commenter l’actualité, à donner des leçons, à pointer du doigt. Cette fois-ci, c’est le nouveau pouvoir qu’il accuse de faire table rase des projets de l’ancien régime. Une critique convenue, sans surprise, et surtout sans fond, tant elle émane d’un homme dont l’apport concret à l’action publique reste encore à démontrer.

Il faut dire que Thierno Bocoum semble s’être spécialisé dans un art singulier : l’apparition intermittente sur fond d’indignation automatique. Une carrière construite non sur des réformes, ni même sur des idées fortes, mais sur des prises de parole épisodiques, des interventions calibrées pour les réseaux sociaux, et une rhétorique d’opposition systématique.

Accuser un pouvoir de “récupération” alors qu’on n’a soi-même laissé ni projet structurant, ni héritage tangible, relève d’une ironie difficile à ignorer. Car enfin, que laisse Thierno Bocoum dans le sillage de ses années d’activisme politique ? Des discours bien tournés, des communiqués numériques… et un parti politique dont l’existence reste, au mieux, théorique.

Lui qui dénonçait hier la confiscation des institutions par un régime épuisé, semble aujourd’hui regretter que les choses changent, que de nouvelles impulsions soient données, que d’autres orientations soient prises. Ce paradoxe révèle une vérité plus profonde : l’angoisse de certains visages de l’opposition face à un pouvoir jeune, lucide, et décidé à agir.

Il est sans doute temps que certains comprennent que la politique ne se limite pas à “prendre la parole”. Elle exige de la cohérence, du travail de fond, et une capacité à s’ancrer dans le réel. Ce que le nouveau régime tente d’amorcer, avec ses forces et ses erreurs, mérite au moins d’être observé avec rigueur, pas méprisé par réflexe.

Thierno Bocoum avait promis une pause. Il gagnerait à la prolonger. Et cette fois, à en faire un moment de construction, plutôt qu’une simple parenthèse entre deux tweets.

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