Amphithéâtre comble. Silence. Leçon.
Par Mamadou Sèye
Chers auditeurs de la conscience critique,
Permettez aujourd’hui que soit administré un cours de dialectique appliquée, à la lumière d’un exemple saisissant : la réaction de Thierno Bocoum à une déclaration du Premier ministre sénégalais, M. Ousmane Sonko, en déplacement en Chine.
Le propos incriminé, rappelons-le :
« Dieu sait pourquoi il n’a pas fait de moi le Président de la République, car ceux qui parlent aujourd’hui auraient dû raser les murs. »
En bon commentateur de surface, notre élève du jour y a vu l’aveu d’un tempérament dictatorial refoulé, et a conclu, dans un syllogisme bancal, que le Président Diomaye Faye serait donc le rempart contre la dérive autoritaire de son binôme.
La dialectique appelle ici trois niveaux de réponse.
Premier moment : de l’unité dialectique du deux dans le un
Contrairement à la pensée binaire et paresseuse, le rapport entre Diomaye et Sonko n’est pas un duel, mais une dualité dynamique.
Ils ne sont pas deux lignes parallèles, mais les deux versants d’une même montagne idéologique.
L’un incarne la continuité institutionnelle, l’autre la radicalité programmatique, mais leur fondement est identique.
Ils ont partagé la prison, la vision, le programme.
Et ce n’est pas parce que l’un a accédé à la présidence que l’autre a été effacé ; c’est parce que Sonko a été empêché que Diomaye a émergé — avec son assentiment et son soutien.
Il faut ici convoquer Hegel : le deux n’abolit pas l’un, il le réalise.
Et ceux qui opposent Sonko à Diomaye ne comprennent ni le marxisme politique, ni la maturité de ce tandem, ni le rôle de l’histoire en marche.
Ce n’est pas une rivalité. C’est une polarité volontaire.
Deuxième moment : la mauvaise foi comme outil d’analyse
M. Bocoum, dont les saillies politiques tiennent souvent plus de la suggestion désespérée que de la proposition claire, s’est donc emparé d’une phrase pour bâtir un raisonnement spécieux.
Il feint de découvrir un danger dans un propos qui n’est que lucidité :
Oui, Sonko aurait été implacable face à certains anciens dignitaires. Mais l’implacabilité contre la corruption, la prédation et le mépris n’est pas de la dictature. C’est de la justice différée.
C’est ce qu’un peuple attendait, à travers l’un ou l’autre.
La démocratie n’interdit pas la mémoire. Elle la structure.
Et si le Président Sonko avait été élu, nul doute que certains visages aujourd’hui bavards auraient été confrontés à la vérité de leurs actes, non par vengeance, mais par exigence.
Le peuple sénégalais ne voulait pas l’apaisement mou. Il voulait la rigueur juste.
Qu’elle vienne de Sonko ou de Diomaye, elle reste la même.
Troisième moment : l’illusion du clivage comme stratégie de survie
Ceux qui, comme Bocoum, tentent de faire exister un clivage entre le Président et son Premier ministre, le font parce qu’ils sont incapables d’en produire un entre eux-mêmes et l’ancien régime qu’ils ont, jadis, courtisé ou toléré.
Ils fantasment une faille dans le binôme pour y glisser leur insignifiance.
Mais la réalité est brutale pour eux :
ni Diomaye ni Sonko n’ont besoin de trahir l’autre pour exister.
Leur projet est co-construit, leur victoire est co-acquise, et leur avenir est co-assumé.
Conclusion dialectique
En définitive, ce que Thierno Bocoum perçoit comme un aveu de dangerosité n’est que l’expression d’une conscience historique assumée.
Ce qu’il croit lire comme un désaveu est en réalité la démonstration d’une dialectique au pouvoir :
unité dans la diversité des rôles, rigueur dans la répartition des responsabilités, cohérence dans la poursuite du projet.
A ceux qui rêvent de scinder, il faut rappeler ceci :
le peuple a élu une idée avant des individus.
Et cette idée s’incarne aujourd’hui à deux voix, mais dans un même souffle.
Cours terminé. Applaudissements étouffés des esprits confus. Rideau.