Par Mamadou Sèye
Le Sénégal vient de refermer les portes de la deuxième édition du Forum Invest in Sénégal sur une note d’optimisme qui tranche nettement avec les prudences feutrées de la première édition. En deux ans, le pays est passé de la séduction à la conviction, de la promesse à l’engagement. Sous l’impulsion du Premier ministre Ousmane Sonko et du souffle réformateur des nouvelles autorités, le forum a enregistré plus de 13 000 milliards de francs CFA d’engagements d’investissement, contre environ 6 000 milliards lors de la première édition. Ce doublement spectaculaire n’est pas un simple succès d’image : il traduit un bond qualitatif dans la perception du Sénégal comme destination économique sûre et crédible.
Mais les chiffres ne s’arrêtent pas là. Le forum, qui rassemblait en 2023 environ 3 200 participants venus d’une soixantaine de pays, a, cette année, accueilli près de 12 000 participants représentant plus de 70 pays. C’est une progression diplomatique et stratégique sans précédent, révélatrice de l’intérêt grandissant que suscite le Sénégal sur la scène internationale. En clair, le monde s’est davantage déplacé vers Dakar et Diamniadio, signe que le pays ne se contente plus d’attirer les regards : il devient un carrefour économique africain assumé.
Ce forum n’a pas seulement été une foire d’investissements ; il a été le miroir d’un changement de cap. En affichant un ton résolument souverainiste mais ouvert, Sonko a su conjuguer deux impératifs longtemps opposés : la défense des intérêts nationaux et l’attractivité internationale. Les investisseurs, loin d’y voir un durcissement, ont salué une ligne claire, transparente, où la souveraineté rime avec sécurité juridique. Le Sénégal n’apparaît plus comme un marché d’opportunisme, mais comme un partenaire structuré, exigeant et respecté.
L’autre évolution majeure réside dans la nature des engagements. Là où la première édition se contentait d’intentions générales, la seconde affiche 51 conventions et projets signés, couvrant des secteurs clés : énergie, infrastructures, numérique, agro-industrie, zones économiques spéciales, ou encore développement durable. L’époque des déclarations est révolue : le Sénégal parle désormais le langage du concret.
Toutefois, l’enthousiasme ne doit pas occulter les réalités structurelles. Le coût de l’électricité, que le Premier ministre lui-même a dénoncé, demeure un frein sérieux à la compétitivité. Le système fiscal, encore perçu comme complexe et instable, mérite une refonte courageuse. Et le défi de la territorialisation des investissements devient urgent : le développement ne peut plus se limiter à Dakar. Il faut que chaque région, de Saint-Louis à Kédougou, ressente les retombées de ces promesses d’investissement.
La réussite de ce forum se mesurera donc à la capacité de l’Etat à transformer l’euphorie en efficacité, les annonces en actions, et les projets en emplois. Car si le bond est spectaculaire, il n’aura de sens que s’il s’inscrit dans la durée et s’il profite aux populations.
Cette deuxième édition du Forum Invest in Sénégal restera dans les annales comme un moment charnière, à la fois test et symbole : test de la promesse de rupture portée par les nouvelles autorités, symbole du renouveau d’un pays qui parle désormais d’égal à égal avec ses partenaires.
Le bond est réel, la confiance renaît.
Reste à faire du souffle un mouvement, et de la promesse un destin collectif.