Par Mamadou Sèye
Second acte de notre série éditoriale consacrée au Dialogue national : la scène politique elle-même. Alors que le Sénégal revendique plus de 400 partis politiques, dont une grande majorité n’a ni militants, ni programme, ni existence réelle sur le terrain, la nécessité de mettre de l’ordre dans cet univers éclaté devient une urgence démocratique.
Le pluralisme n’est pas synonyme de pagaille. Or, au Sénégal, l’inflation partisane confine au ridicule. La liste officielle des partis légalement enregistrés dépasse les 400 formations, un record continental à faire pâlir d’envie les catalogues électoraux les plus permissifs. Le problème n’est pas seulement quantitatif ; il est surtout qualitatif.
En réalité, seule une poignée d’entre eux ont une présence réelle sur le terrain, des élus, un programme articulé ou une structuration nationale. La majorité relève d’une autre logique : partis familiaux, coquilles administratives, sigles de circonstance créés à l’approche d’un scrutin, ou outils d’affichage pour une ambition personnelle sans autre assise que la signature du récépissé. Un vrai carnaval partisan.
Dans ce contexte, comment parler sérieusement de démocratie représentative ? Comment organiser un débat public lisible ? Comment même bâtir une opposition ou une majorité cohérente, quand chacun peut s’autoproclamer « président » d’une formation qui n’a ni siège, ni base, ni vie organique ?
Le dialogue national est donc l’espace idéal pour reposer la question de la rationalisation de la vie politique. Cela ne signifie pas brider la liberté d’association ni revenir à un système fermé à trois ou quatre partis. Il s’agit plutôt d’instaurer des critères simples et objectifs : représentativité minimale, activité régulière, obligation de tenir des congrès, transparence dans le financement et dans les alliances.
Des propositions existent déjà. Certains suggèrent un seuil électoral minimal pour maintenir la reconnaissance légale d’un parti. D’autres proposent de lier le financement public à la performance électorale réelle. D’autres encore militent pour une refonte complète du code des partis, afin de faire émerger des regroupements thématiques ou idéologiques plutôt que des étiquettes personnelles.
Ce débat est d’autant plus crucial que le pays entre dans une nouvelle ère politique, marquée par l’alternance, le renouvellement générationnel, et une attente forte de lisibilité. Il serait paradoxal que ce mouvement se traduise par une démultiplication stérile des sigles et non par une recomposition intelligente du paysage.
Certains acteurs, manifestement peu soucieux de leur propre marginalité, ont cru bon d’annoncer leur non-participation au Dialogue national, comme s’il s’agissait d’un rendez-vous mondain où leur absence pèserait. Le peuple profond, lui, n’en sait rien, et sans doute n’en a cure. Car entre une opinion publique exigeante et une offre politique surabondante mais creuse, le divorce est aujourd’hui manifeste.
Il faut donc refonder le contrat politique. Et cela commence par nettoyer le terrain. Car en démocratie, la diversité a un prix : celui de la clarté, de la cohérence, et du sérieux.
– 10 partis politiques au maximum
– Tous les partis politiques doivent obligatoirement participer au moins aux élections législatives et communales.
– Instaurer un bulletin unique
– Envisager le vote électronique à l’avenir
– Éliminer d’office tous les candidats condamnés.
– Seuls les partis politiques en règle peuvent compétir
D’accord sur toutes les suggestions sauf la première. Au lieu de fixer un nombre de partis, il faudrait plutôt astreindre les partis à des conditions d’admission et des règles d’existence si draconiennes que seuls des partis animés de motivations sérieuses et possédant des capacités solides accepteraient et seraient en mesure d’entrer en lice.