Sonko ou la centralité assumée du pouvoir

Par Mamadou Sèye

Ousmane Sonko avait prévenu. Devant témoins, micros ouverts : « Occupe-toi de ton armée, de ta diplomatie et de tes orientations. Et laisse-moi les adversaires. » Ce n’était pas une boutade. C’était une feuille de route. Et aujourd’hui, toute la scène politique sénégalaise en est la preuve vivante. L’opposition se débat exactement dans la périphérie que Sonko a dessinée pour elle. Pire : elle confesse chaque jour, en voulant le discréditer, qu’il est devenu inattaquable. Elle crie à l’excès de pouvoir, mais c’est précisément ce cri qui atteste de son avance stratégique. Elle le rend central en voulant l’isoler. Elle le glorifie en tentant de le contenir. Le piège est parfait.

Pendant qu’on l’accuse d’autoritarisme, c’est lui qui trace le tempo. Pendant qu’on cherche la faille, c’est lui qui élève le débat. Pendant qu’on agite des dossiers minuscules comme l’ASER, où les contempteurs de circonstance n’osent même pas affronter Jean Michel Sène, lui échange avec les plus hautes autorités de Chine, pense développement, parle souveraineté, organise l’avenir. On assiste à un renversement discret mais total : Sonko n’est plus dans l’opposition, mais dans l’exercice. Et ceux qui s’opposent à lui n’exercent plus rien. Il parle au peuple, aux chancelleries, aux partenaires. Ils parlent entre eux.

Il faut le dire clairement : Ousmane Sonko est en train d’opérer ce que peu d’hommes politiques africains ont réussi – exercer un pouvoir structurant sans tenir formellement le sommet de l’Etat. Il n’a pas besoin du titre de Président. Il a la confiance du Président. Il a la légitimité populaire. Il a l’initiative politique. Il a les leviers. Et surtout, il a un peuple debout, militant, structuré, qui croit encore à quelque chose. C’est cela sa vraie force : là où d’autres traînent des militants fatigués, il mobilise des générations entières.

Et pendant que ses adversaires s’enfoncent dans des débats sans perspective, persuadés qu’un retour en arrière est encore possible, le pays avance. Diomaye trace la vision. Sonko déroule la manœuvre. C’est le binôme le plus solide, le plus cohérent, le plus redouté depuis des décennies. Et la scène est tellement dominée que même la fonction présidentielle, parfois, semble s’estomper devant la centralité politique du Premier ministre. Ce n’est pas un déséquilibre. C’est une orchestration. Volontaire. Réfléchie. Assumée. Pendant que l’opposition court après des soupçons, Sonko parle énergie, infrastructures, alliances durables. Pendant qu’ils rêvent d’un fauteuil, lui redessine les fondations.

Et que dire de cette obsession maladive qu’on lui voue ? A force de vouloir le réduire à son ambition présidentielle supposée, on oublie qu’il a déjà dépassé cette étape. Il ne court plus derrière le pouvoir, il l’organise. Il n’est plus un candidat, c’est un axe. Le réel, lui, a tranché : ce n’est pas lui qui s’agite autour de la présidence, c’est la présidence qui s’est installée en confiance autour de lui.

Alors que reste-t-il à ceux qui l’attaquent ? Des phrases creuses. Des polémiques feintes. Des combats secondaires. L’opposition est aujourd’hui si fragmentée, si désorientée, qu’elle ne peut même plus simuler l’alternative. Face à elle, un homme, une méthode, un socle, une adhésion populaire constante. Et pendant que les autres cherchent la caméra, Sonko parle à l’Histoire.


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